Dans une contrée désolée où les vents charrient sable et poussière au son des crissements des grillons, deux chercheurs d’or aux gueules de déterrés s’échinent à creuser la pierre d’un vieux cimetière indien, guettés par la folie. L’un d’eux, Cyrod, est déjà bien connu de nos lecteurs pour ses aventures dans les catacombes du post-punk et de la pop noisy. Quant à l’autre, il s’appellerait Samzlat et n’a sans doute pas attendu d’être exposé à ces étranges transmissions d’outre-tombe pour onduler de la toiture au diapason de son compagnon d’infortune.

Sifflements et polyphonies de cowboys fatigués en guise de coryphée (Most Cases), notre histoire sent déjà la fatalité à plein nez avant même qu’une guitare décharnée ne vienne planter le décor en flirtant avec une clarinette opiacée, premier acte dont les accents bucoliques seront rapidement balayés par d’étranges mantras atonals scandés sur fond de percussions tribales (Sinews And Cablestones). Après un interlude aux allures d’élégie pour chorale fantôme et harmonica, étape crépusculaire où l’on s’abritera des bourrasques à la chaleur d’un feu de camp (O. S.), tout bascule dans la démence lorsque le décor se met à onduler au gré des aberrantes visions de nos deux protagonistes, incantations chamaniques et basses psychotiques se frottant aux chants des oiseaux tropicaux et autres onomatopées non identifiées (Eroded By The City) pour laisser place au rêve une fois le sort jeté.

Mais le songe est agité et propice aux malversations des suceurs de sang, créatures venues d’ailleurs pour ressusciter quelque dieu corbeau en sacrifiant nos malheureux anti-héros, orgues gothiques et cordes dramatiques à l’appui (Mosquito Dream). Une cérémonie rituelle à laquelle assiste librement du beau Linge, et notamment Lucien Stolearm, encapé en chef tirant les ficelles dans l’ombre en attendant la sortie de son propre nouvel album, un certain Glasslight Schwarzfaçade que l’on vous annonce d’ores et déjà très bon.