En janvier prochain, vous retrouverez David Folkmann Drost sur le label Tarkovsky Green de l’Allemand Philipp Bückle - lui-même adepte d’une folktronica fervente et onirique en tant que Teamforest et moitié de Beth Kleist - avec The Sunderland Valves, chef-d’œuvre de spleen baroque que l’on a déjà eu la chance de pouvoir écouter et dont la folk fantasmagorique et habitée aux réminiscences de ballades moyenâgeuses se pare de drone abrasifs ou lancinants et de field recordings hantés pour mieux nous submerger par son imaginaire d’un autre temps, à l’instar du meilleur de Current 93 (attention, 100 copies CD et pas une de plus).

Mais en attendant, familiarisons-nous avec l’univers du Danois avec deux albums dont l’acoustique aride et pastorale se nourrissait déjà de vagues de bruit blanc, de textures poussiéreuses et d’électronique discrète, que le songwriting y soit prépondérant ou relégué au second plan.

On commence par l’intense The Sunderland Wreck offert au téléchargement par le netlabel Drowning et pour lequel le musicien, basé plus exactement sur l’île de Fanø dans la mer des Wadden, développe une atmosphère volontiers maussade et brumeuse, chapes de bruit statique et orages de drones noisy déferlant régulièrement sur des arpèges fragiles et décharnés en lutte contre les éléments d’une tempête sous un crâne :

Quant au plus dépouillé Dunes​/​Shorebirds, publié en cassette cet été par Neh-Owh Records avec à la clé une généreuse poignée de bonus par rapport à la version digitale en libre écoute, on en connaît donc deux morceaux chamber folk qui font la part belle aux mélodies vocales épurées du Danois, un instrumental bucolique à souhait (Black Hare) mais surtout Stairs Of Sand, titre-fleuve de près de 15 minutes auquel participent Julien Demoulin (Silencio) ainsi qu’une certaine Hiroko, ex compagne du musicien dont la séparation a semble-t-il marqué de son empreinte le linceul mélancolique et endeuillé de The Sunderland Valves.

Gagnant d’abord en intensité à mesure que le chant de cette dernière est enseveli sous les riffs menaçants et autres arpèges saturés, cette pièce en trois mouvements se mue ensuite en songerie pastorale et ose des vocalises légèrement autotunées avant de s’ouvrir à un beatmaking lo-fi et downtempo jusqu’à nous faire planer très haut sur les cimes de ce rêve éveillé. Magnifique !