Le streaming du jour #710 : Redspacerod - ’March EP’ + Cyrod Iceberg - ’Reflexion EP’ + Red Space Cadet - ’First For Thirteen’ & ’Six Songs...’

Rebaptisés en Redspacerod, le Parisien Cyrille Poumerie et son compère californien Jay Echeverria plus connus en duo sous le nom de Red Space Cyrod nous gâtent en ce début d’année avec pas moins de quatre EPs signés sous le manteau de leurs divers projets et téléchargeables librement via Bandcamp.

On commence donc avec le gros morceau de ce streaming du jour, ce March EP tout aussi hétéroclite que sa cover à l’esthétique marquée par l’underground 80s (et signée par Cyrod lui-même) pouvait le laisser supposer. Une décennie qui n’en finit plus d’inspirer le duo transatlantique via ses franges les plus ténébreuses et barrées, des babillages post-punk gothiques et régressifs de Creditor’s Tears à la noise électro-vaudou de Penultimate Fly en passant par les liturgies kosmische-drone d’Eden Of Spiritual Flesh ou l’ovniesque Let’s Jump Into Jelly qu’on rangera faute de mieux quelque part entre psycho-blues synthétique et pop industrielle de cathédrale.

Heureusement, pas besoin de faire preuve d’imagination pour relier ces tags sans queue ni tête aux collages tout aussi surréalistes et composites de Redspacerod, ces 5 titres s’écoutant ci-dessous avec pour sommet l’hybride le plus singulier jamais obtenu par nos laborantins du format pop, un certain Silver Palace organisant la rencontre entre free jazz et psychédélisme cosmique sous l’égide d’un Syd Barrett élevé à la funk et au krautrock :


On descend d’un cran dans la bizarrerie mais les chausse-trapes lo-fi ne manquent pas non plus chez Cyrod Iceberg en solo, et le pensionnaire de notre récente compilation Clashes continue de nous balader au gré des dissonances de ses hymnes scandés, tour à tour exubérants, insidieux ou hantés voire souvent les trois à la fois. Nettement plus cohérent que March dans ses sonorités à la croisée d’un post-punk jazzy et d’une noisy-pop déglinguée, plus frontal aussi dans son approche du songwriting, ce Reflexion EP n’en apparaît pas moins surprenant et perpétuellement mutant à l’image de son final-fleuve Perpetual Furrow dont les 8 minutes voient défiler élégie doomesque, comptine distordue, jam aérien et berceuse pour sérial killer en devenir :


Côté Red Space Cadet enfin, l’inspiration est nettement plus dissociée, d’une part blues dépouillé et picking désarticulé avec First For Thirteen qui nous ménage quelques beaux moments de sérénité acoustique entre deux accès de schizophrénie en roue libre :


... et de l’autre 8 : Six Songs Inspired By Early Developments For The Animation, Comet qui rassemble comme son nom l’indique les premières ébauches de la BO d’un film d’animation 3D développé par les étudiants californiens du projet CIS38B, soit six instrus minimalistes entre rêveries pianistiques et pulsations synthétiques, baignés de poésie et de mélancolie :


Streaming du jour - 30.03.2013 par RabbitInYourHeadlights