Quatrième opus en trois ans et second pour le label irlandais PsychoNavigation après Godhavn ‎en 2013, Mother voit l’Italien Roberto Galati gravir encore quelques échelons dans la confrontation entre lumière noire et spiritualité éthérée, à la mesure du Mont Everest aka Chomolungma, déesse mère de l’univers en langue Sherpa qui donne son nom à ce sommet de drone mystique, percussif et radiant.

C’est en effet lors d’un voyage à la recherche de lui-même que le producteur transalpin, des étendues glacées du Groenland (auquel le précédent opus faisait déjà clairement référence) aux perchoirs mystiques du Tibet, a ressenti la métamorphose que symbolise l’album et sa succession de cinq morceaux-fleuves emboîtés aux drones mouvants qu’agitent idiophones hypnotiques, percussions tribales et incantations en écho.

D’abord submergé de nappes de textures abrasives et d’une densité étouffante évoquant sur Mother III les sorties les plus opaques du Brésilien Gimu, l’album chemine finalement vers l’épure et une certaine solennité dans la maîtrise du chaos (les radiations aux allures d’orgue liturgique de Mother IV), illustrant cette capacité retrouvée à laisser filer le poids des erreurs du passé et aller de l’avant en acceptant la part de noirceur qui réside en chacun de nous.