Même équipé d’une guitare acoustique déglinguée, Gimu n’est pas prêt de se mettre à la country : conjurant une année marquée par la mort et la maladie, le Brésilien laisse refluer la tristesse, le malaise et les sensations d’irréalité sur ce bien-nommé The Year Of The Ill dont les instrumentaux ont tôt fait de renouer avec les boucles entêtantes de drones pénétrants, de cliquetis étranges et de murmures hantés que les cordes de l’instrument ont bien du mal à contenir par leurs fragiles accords réverbérés.

Ode à ses proches et connaissances souffrants ou décédés, l’album célèbre aussi, quelque part, cette envie de vivre qui demeure malgré l’appel de l’au-delà. Car de field recordings et samples malmenés en interventions discrètes au micro, et hormis peut-être sur l’élégiaque Dissolving What Has Been Left Of My Ego renouant avec une relative quiétude, les voix et chants au second plan ne cessent jamais vraiment de susurrer leur réconfort ambivalent. Plus que les nébuleuses de textures dark ambient et de synthés fantasmatiques, ce sont d’ailleurs bien eux qui instaurent le malaise jusque dans les passages les plus éthérés de ce disque particulièrement personnel et spontané, dont la production lo-fi souligne les imperfections assumées et la sincérité.