Stuck In The Sound - Nevermind The Living Dead

Alors que certains médias ont vainement essayé de nous faire croire que la scène rock parisienne se limitait à des groupes d’ados pré pubères se prenant pour les Ramones ou les Stooges sans en avoir ni le talent, ni le charisme, d’autres, et c’est tout à leur honneur, préfèrent suivre tranquillement leur chemin en écumant les salles de concerts et proposant des autoproductions, privilégiant ainsi le travail, à l’estime de connivence, pour gagner la reconnaissance du public et des professionnels. Stuck in the Sound fait partie de cette deuxième catégorie.

1. I Shot My Friend
2. Toy Boy
3. Cramp Push And Take It Easy !
4. Delicious Dog
5. Waste
6. Don’T Break The Bar Please Dumbo !
7. Don’T Go Henry
8. Nevermind The Living Dead
9. Never On The Radio
10. I Travel The World
11. It’S (Friday)
12. Third Eyed Girl
13. You Ain’T For Me

date de sortie : 06-11-2006 Label : Discograph

Crée en 2002, ce groupe de quatre garçons (José au chant et à la guitare acoustique, Manu à la guitare électrique, Arnaud à la basse et François à la batterie) enregistre un premier album autoproduit en 2004 ( Stuck in the Sound ), se produit dans divers bars et scènes parisiennes, sort un EP en 2005 ( ToyBoy ) dont la chanson titre sera sélectionnée pour la compilation CQFD 2005 des Inrocks, et participe la même année à la programmation de Rock en Seine dans le cadre des Avants Seine du festival. La cerise sur le gâteau viendra une année plus tard avec une signature chez Discograph et la sortie de leur deuxième album, Nevermind The Living Dead .

Alors c’est bien joli ce petit historique, mais concrètement et musicalement Stuck in the Sound ça donne quoi ?

Dès I Shot My Friend, premier titre de l’album, l’influence des Pixies dans le son et dans la voix est par endroits plus que palpable.
En grande fan de ces derniers il est assez rare que j’accorde ce genre de comparaison, mais force est d’avouer que cela constitue une évidence à l’écoute de Nevermind The Living Dead .

Cependant les Stuck ne tombent pas dans la facilité d’un vulgaire copier/coller de la bande de Boston, ne se gênant pas d’ailleurs pour s’en écarter complétement. Illustration avec le deuxième morceau, ToyBoy, petite bombe atomique capable de faire danser un cul-de-jatte. Il n’y a pas à dire ce single est d’une efficacité redoutable et n’a rien à envier à ceux actuellement proposés par la scène anglaise.

Et le déferlement de son ne s’arrête pas là, on enchaîne à fond la caisse avec Cramp Push And Take It Easy, qui reprend la formule ’loud quiet loud’ chère à Frank Black, tout en s’en démarquant singulièrement. Le pont à la batterie / guitare / bruitage qui rappelle étrangement le générique de K 2000 n’était pas forcément indispensable, mais on leur pardonnera facilement cette incartade expérimentale, due très certainement à une volonté de proposer quelque chose d’original, ça ne peut pas marcher à tous les coups.

Sur Delicious Dog, la voix de José se veut plus claire, mais cela n’enlève rien à l’énergie du morceau qui a toutes les caractéristiques d’un excellent single avec un refrain accrocheur juste comme il faut. Décidément ces jeunes gens là sont pleins de ressource.

On retombe dans quelque chose de plus calme avec Waste, qui fait la part belle à la guitare acoustique sur les premiers complets. C’est léger, frais et agréable, et montre que le groupe est capable de sonorités pop des plus réussies. Sur certaines phrases et fins de phrases, comme par endroits sur I Shot My Friend, il est drôle de constater comme la voix de José peut s’apparenter à celle de Robert Smith.

La pause paisible aura été de courte durée et on rentre tête baissée dans un morceau aux accents punk avec Don’t Break The Bar Please Dumbo !, où les cris de José le font passer pour un psychopathe (un peu dans le style de Frank Black sur Crackity Jones), les amateurs de pogo auront de quoi se faire plaisir en concert.

Avec son gimmick d’une simplicité enfantine, Don’t Go Henry se démarque aussi par son efficacité. Une espèce de cri du coeur renforcé par des refrains collégiaux rappelant les australiens d’Architecture in Helsinki. Ici aussi l’esprit des Pixies n’est pas loin, mais une nouvelle fois les Stuck in the Sound parviennent à entretenir leur propre identité.

Le ton s’adoucit un peu avec Nevermind The Living Dead, plus axé sur les variations de voix de José sans que la mélodie ne soit laissée au rencard, au contraire. Comme sur le reste de l’album, il y a une véritable homogénéité entre la voix et l’orchestration qui rend le tout cohérent et abouti.

Les premières notes de Never On The Radio rappellent quelque peu celles du tubesque Helicopter de Bloc Party et donnent le ton du reste du morceau : énergique et punchy à souhait, les guitares et basse s’éteignant par endroits pour faire ressortir la voix et la grosse caisse, la formule marche à merveille.

Malgré une intro en retenue, on reste dans la même trame punchy avec I Travel The World, même si cette dernière se montre légèrement moins efficace , à cause peut-être de cette sensation de déjà entendu.

On tombe carrément dans le noisy avec It’s (Friday), je passe. Les amateurs du genre s’arrêteront sûrement.

Les Stuck in the Sound continuent leur exploration musicale avec Third Eyed Girl. Son intro et son refrain à consonnance led zeppelinienne ont la particularité de se détacher quelque peu de la couleur donnée jusqu’alors à l’album. Ça sonne toujours bien en tout cas.

L’album finit de la meilleure des façons par You Ain’t For Me, avec en featuring Dorothée de Hopper et The Rodéo. Les deux voix se conjuguent à merveille, la mélodie est construite et inventive, une complainte entre deux faux amants qui se termine par une explosion de guitares, basse, batterie, rock and roll !

Après toute l’électricité, l’énergie et l’intensité qu’on s’est pris en pleine tête, le bonus track se compose d’une petite ballade au piano sur le thème de Nevermind The Living Dead. C’est calme et apaisant, une jolie manière de nous faire atterrir en douceur.

Au sortir de l’album on ne peut nier certaines inspirations, les Pixies déjà cités, At The Drive-In par certains côtés, mais malgré ces airs de famille, les Stuck in the Sound ne tombent jamais dans le travers d’un banal pastiche. A chaque fois ils parviennent à faire quelque chose de personnel en développant leurs propres idées et perceptions, parvenant au final à créer leur son, celui dont on va probablement entendre parler pendant longtemps.

Avec Nevermind The Living Dead et des groupes de cette trempe, nous avons la preuve qu’en France aussi nous sommes capables de produire des artistes chantant dans la langue de Check Check Check Shakespeare qui n’ont vraiment pas à rougir face à leurs voisins belges ou anglo-saxons. Longue vie aux Stuck In The Sound, et ’see you later motherfucker !’

— 
Lien myspace :
- www.myspace.com/stuckinthesound

Chroniques - 09.11.2006 par pix
 


Articles // 6 décembre 2006
Top albums - novembre 2006

6 Novembre 2006. Avis de tempête sur les platines indées. Les souvenirs remontent à la surface, s’entrechoquent entre deux coups de vents musicaux et au final ce pseudo phénomène météorologique nous révèle 5 albums à la hauteur de ce jour mémorable.



1 pavé, 4 mois ferme et 1 concert

Hey Hey My My, Luke, Serge Teyssot-Gay, Stuck in the Sound et tant d’autres en concert, c’est bien. Mais Romain, en prison depuis plus de 30 jours, ça l’est beaucoup moins. Rendez-vous donc le 22 juin au Point Éphémère à Paris, si vous aussi, vous êtes révoltés par cette histoire. A vous de juger, en lisant son blog tenu à distance ou le site officiel (...)