Lorsqu’une formation arrive à un certain point, que l’on sent que ses plus belles années sont derrière elle, survient souvent la tentation de comparer sa dernière sortie à la précédente.

Plus aussi magique qu’antan, ladite formation est-elle pour autant sur la piste descendante ou parvient-elle à stabiliser la qualité de ses compositions à un niveau d’exigence tout à fait acceptable ?

Avec la sortie de Lux, son sixième opus, EZ3kiel rentre totalement dans cette catégorie d’artistes. On imagine en effet mal le collectif capable d’atteindre de nouveau les cimes de Barb4ry ou Naphtaline, et ce pour des raisons tenant aussi bien à l’inspiration déclinante du groupe sur Battlefield qu’à des motifs externes puisque ce mélange de post-rock et de trip-hop qui pouvait encore surprendre il y a dix ans n’a plus rien d’avant-gardiste.

Pour autant, Lux ne s’inscrit pas dans la continuité de son prédécesseur. Le départ de Matthieu Fays, batteur depuis les débuts d’EZ3kiel, en est peut-être l’une des causes, toujours est-il que les arrangements électroniques sur fond de constructions aux structures post-rock prennent ici le dessus.

Toujours aussi atmosphérique mais moins classique que Battlefield, donc, Lux est avant tout un disque à l’ambiance homogène et cohérente. On succombera ainsi plus aisément à certains morceaux à l’instar de Born In Valhalla, Zero Gravity ou un Eclipse très Portisheadien sur lequel on retrouve la voix de Laëtitia Sheriff, mais on ne laissera rien de côté, comme cela pouvait être le cas sur l’inégal Battlefield.

En revanche, aussi honnête semble être la démarche du groupe, Lux est un disque moins inspiré que ne pouvaient l’être les sommets de la discographie d’EZ3kiel. De vraies bonnes intentions sur cet opus, donc, mais une créativité en légère baisse. Loin de faire du surplace, les Tourangeaux parviennent à faire globalement aussi bien (mais pas mieux) que Battlefield. Il faudra s’en contenter.