Ne jamais désespérer de ses vieux amis. Cette année, pour trouver le frisson chez Will Oldham, mieux valait se pencher sur ce long EP de reprises que sur son album saisonnier, à l’orthodoxie country un peu fade, à tel point qu’il me semblait n’exister que pour alimenter les prestations scéniques très Nashville lo-fi de Bonnie ’Prince’ Billy - exercice dans lequel il excelle, par ailleurs.

Entre un Bonnie ’Prince’ Billy d’une sécheresse extrême l’an dernier et ce Singer’s Grave / A Sea Of Tongues un peu planplan, je commençais à me demander vers quel cimetière des vieux chanteurs atrabilaires Will Oldham se dirigeait. Il fallait fouiller : l’aventure, l’ironie, la méchanceté - bref, le rock ; c’est dans ce compagnon supposément mineur qu’il fallait les trouver. Le registre de la reprise décalée sied parfaitement à Billy, qui met de l’âme dans la country mainstream (excellent That’s My Kind of Night, badin Lovin’ You Is Fun) et surtout transfigure la pop/r’n’b (magnifique Let Me Love You qui rend Ne-Yo pertinent tout à coup, un Take Care d’une grande douceur).

Le tout culmine sur une extraordinaire relecture du Die Young de Ke$ha. Tout à coup, derrière le tongue-in-cheek des "huh huh" et autres "oh yeah", Bonnie ’Prince’ Billy sonne comme ce vieux qui s’est invité à la fête des ados et joue les jeunots, boit trop, dragouille une jeunesse barely legal, finit par être menaçant et tenir les promesses du titre de la chanson. Bluffant.