Damien Rice + The Magic Numbers - Le Grand Rex (Paris)

le 19/03/2007

Damien Rice + The Magic Numbers - Le Grand Rex (Paris)

En cette soirée parisienne de mars riche en concerts intéressants (Arcade Fire, Bonnie Prince Billy, Cowboy Junkies …), le Grand Rex affiche complet depuis plusieurs mois …. pour la venue de Damien Rice. Il faut dire que le premier album O de cet artiste irlandais a fait chavirer de nombreux cœurs et que le second album 9 a comblé les attentes et semble parfaitement taillé pour la scène. C’est donc avec une grande impatience que les spectateurs attendent dans une longue file d’attente de rentrer dans la salle.

Une fois à l’intérieur, c’est assis dans des fauteuils en cuir, que l’on patiente agréablement en compagnie de the Magic Numbers invités pour la première partie. Deux femmes (bassiste et claviériste) et deux hommes (guitariste et batteur) se partagent la scène pour nous offrir leurs charmantes ballades rétro et mélancoliques à tendance psychédélique. Loin de m’impressionner sur album, cette formation hippie londonienne réussit à captiver mon attention. Des mélodies simples, des voix féminines et masculines qui se répondent parfaitement, font de ce début de soirée un bon moment, surtout que musicalement le groupe a su se lâcher dans des embardées instrumentales et électriques bien choisies. Quelque peu intimidés et introvertis, ils ont réussi à enchanter et faire chanter le public notamment sur l’accrocheur Anima Sola, titre qui sort du lot. Au final, ce fut donc une prestation qui a laissé une bonne impression.

Mais l’homme de la soirée est bien sûr Damien Rice qui se pointe seul avec sa guitare électro-acoustique sur une scène décorée simplement de quelques bougies allumées. Sous la voûte archée au style baroque de la salle du Grand Rex, les projecteurs sont braqués sur lui et c’est The Professor & La Jeune Fille danse qui a l’honneur d’ouvrir le bal dans la bonne humeur. Dés ce premier titre, il montre qu’il est là pour prendre du plaisir et s’amuser au chant et à la guitare sans se prendre la tête et ce n’est pas un léger tremblement de voix à un moment qui pourra le déconcentrer mais qui au contraire détendra et fera sourire la salle entière. Rejoint par la jolie Vyvienne Long qui emporte les spectateurs avec ses coups d’archets délicats et langoureux sur les cordes de son violoncelle, Damien Rice reprend Older Chests avec justesse et sincérité. Seul au chant, l’idée que sa complice Lisa Hannigan soit absente et ne lui donne pas la réplique, me traverse l’esprit et laisse un goût étrange. Et cela se confirme, quand le reste des musiciens monte sur scène pour un Volcano énergique et enlevé qui se termine dans une explosion électrique. En fait, Damien Rice se démène et se multiplie sur scène, réussissant le tour de force de faire oublier la demoiselle en variant son chant, avec les mêmes émotions au final. On s’attend toujours évidemment à la voir pointer son nez mais dès qu’il chante à sa place, on se laisse aller, les chansons ne perdant aucunement de leur charme (et pourtant, j’étais vraiment loin d’imaginer cela être possible). Il faudra s’y faire car dorénavant et malheureusement, les deux artistes ont décidé de continuer leur chemin séparément.

C’est donc après un Elephant poignant qui montre l’étendue de sa voix, que Damien Rice se place au piano pour Rootless Tree dans une version ralentie que l’on aurait voulue plus énervée. Un des moment forts de la soirée, a été sans aucun doute Cannonbal sans micro dans une salle qui s’est tue pour l’entendre seul avec sa simple guitare acoustique, chaque note occupant chaque recoin de l’espace. Après ce moment d’intimité, le groupe se lâche sur un entraînant et enjoué Coconut Skins dans un final délirant de percussions pour enchaîner sans temps mort sur Woman like a Man accueilli par des cris de joie et repris en chœur. On se dit à ce moment là pourquoi avoir choisi une salle avec uniquement des places assises, car cet artiste folk est capable avec son groupe de transcender ses chansons dans des versions détonantes et électriques surtout avec un tel dernier album. Et même Blowers Daughter émouvante à la limite de la larme, peut se vivre debout en se balançant au rythme de cette simple mélodie irrésistible et magique.

L’enchaînement de ces trois derniers titres a fait monter d’un coup l’exaltation des spectateurs. C’est à ce moment là que Damien Rice et son groupe choisissent de quitter la scène pour laisser seule la violoncelliste Vyvienne Long qui interprète une de ses compositions, Random Man on the Motorway, bien amusante et plaisante pour le plus grand plaisir de la salle qui applaudit en rythme.

Après cet entracte, le groupe fait son retour en douceur avec Delicate, ballade mélancolique et tourmentée. Confiant et détendu, Damien Rice parle dans notre langue française de son adolescence et de la découverte de sa puberté avec humour pendant plusieurs minutes sur l’introduction de Me, My Yoke & I qui emporte tout avec sa montée en puissance jubilatoire et électrique à souhait. Moment de calme pour le début de I remember sans voix féminine et pourtant si envoûtant qui dans un deuxième temps devient une sorte d’exutoire.
Quittant la scène, le surprenant Damien Rice revient avec humour et légèreté pour s’amuser avec Fool, titre à la façon de Ne me quittes pas de Jacques Brel qui se termine dans un air de danse tsigane slave euphorique et enivrante au rythme des applaudissements. Plus apaisée et tranquille, 9 Crimes une des plus belles ballades de O au piano réussit à toucher son auditoire. Et comme c’est le dernier jour de la tournée avec the Magic Numbers, il en profite pour leur demander de remonter sur scène pour une belle reprise de I shall be released de Bob Dylan, Damien Rice restant en retrait avec sa guitare. Pour fêter ce dernier moment, ils se font même servir un verre de vin pour trinquer tous ensemble, sous le regard des spectateurs ravis qui chantonnent « Il est des nôtres, il a bu … ». Avec son verre à la main, Damien Rice évoque de nouveau avec humour une rencontre inaboutie et continue en titubant sur une version désespérée et déchirante de Cheers Darlin’ une des plus belles interprétations (dans tous les sens) de ce soir qui clôture ce premier rappel. C’est devant une standing ovation qu’il revient avec en guise d’au revoir The animals were gone et Sleep don’t weep après ces deux heures de concert riches en émotions, entre sourires et larmes. L’Olympia attend avec impatience son passage en juillet prochain …

Sellist :

The Professor & La Jeune Fille danse
Older chests
Volcano
Elephant
Rootless Tree
Cannonball
Coconut Skins
Woman like a Man
The Blowers Daughter

Random Man on the Motorway

Delicate
We, my Yoke & I
I remember

Fool
9 crimes
I shall be released
Cheers Darlin’

The Animals were gone
Sleep don’t weep


( darko )

 


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