Sur Love Is Love, l’univers solaire de Woods s’éloigne de la folk d’un With Light And With Love ou du versant krautrock psychédélique de Sun And Shade pour assumer une orientation jazzy où les vents – particulièrement le cor – enfilent différents costumes, qu’ils soient dansants sur l’hymne Bleeding Blue ou digressifs en contrepoint d’une composition plus classique sur le morceau-titre Love Is Love qui mise néanmoins sur de discrètes percussions tribales rappelant les jazzmen éthiopiens dont s’est inspiré le combo new-yorkais sur cet opus.

Mais c’est surtout sur le labyrinthique Spring In The Air que ces vents revêtent un caractère majeur. Durant dix minutes, mutilés et sous l’emprise d’une rythmique à la Angelo Badalamenti, ces vents donnent un contour chamanique à un ensemble dont l’aspect labyrinthique maintient néanmoins une structure solide et claire. S’y perdre est alors un choix – certes divin – mais jamais une impasse.

A l’exception du fait qu’elle permet à ce disque concis d’atteindre la demi-heure, il est plus difficile de saisir l’intérêt de la reprise de l’éponyme sur un Love Is Love (Sun In Time) final dont la rythmique funk est peut-être trop ouvertement accessible. Dommage, puisque les Woods réalisaient jusqu’alors un sans-faute en mêlant aux orientations jazz une fausse-candeur rappelant le Eels de Daisies of the Galaxy à l’occasion de Lost In A Crowd, ainsi qu’un psychédélisme solaire pas si éloignés du Peace Sword des Flaming Lips sur un Hit That Drum au flux granuleux.

A la fois tribal et jazzy, Love Is Love « n’est pas un enregistrement basé sur la colère, en réaction à ce que l’Amérique est en train de devenir. C’est une méditation sur l’amour, et sur le sens de la vie aujourd’hui ». C’est aussi un album qui permet à Woods d’ajouter un chapitre essentiel à une discographie aussi conséquente – neuf albums en dix ans – qu’exigeante.