A croire que les compositeurs italiens ont le monopole de cette émotion toute romancée que les pianos chaloupés parviennent à retranscrire. Outre l’aïeul Ennio Morricone, toujours aussi impressionnant à son âge, Ludovico Einaudi, Stefano Guzzetti et Bruno Bavota font désormais partie des piliers de ce genre classé, faute de mieux, aux confins du néoclassique.

Cette année 2017 fut décidément celle des transalpins puisque Enrico Coniglio et Matteo Uggeri nous gratifiaient déjà d’une brillante collaboration d’ambient cinématographique parfois soulagée par quelques accords de piano, dont nous disions le plus grand bien dans ces colonnes. Actif depuis 2007 et Viaggi In Aeromobile, Fabrizio Paterlini n’est toutefois pas en reste. Ainsi, celui qui est basé à Mantova offre enfin un successeur au bien-nommé The Art of Piano paru il y a trois ans.

Le piano domine toujours les débats sur Secret Books à l’instar de certains titres contemplatifs et même mélodramatiques sur lesquels une similitude avec Bruno Bavota apparaît (While Everything Burns ou You, Again). Pour autant, des blips électroniques peuvent émerger sur quelques thèmes tels que le sommet Space Walk également sublimé par des arrangements de cordes déchirants.

Violon, alto et violoncelle, assurés respectivement par Giacomo Catana, Jessica Orlandi et Silvia Dal Paos renforcent en effet l’aspect cinématographique transcendant des ambiances déclinées. Durant les deux dernières années, Fabrizio Paterlini a évolué musicalement et il assume désormais un attrait pour les musiques électroniques qui trouve son apogée sur quelques compositions plus radicales (One World, At Last).

Parfois chaloupé, tendre ou plombé, le piano du Lombard est toujours aussi classieux que mystérieux. Secret Book porte bien son nom. Difficile à percer, seule une appropriation complète de l’oeuvre par l’auditeur - comme ce peut être le cas avec un livre dont le support favorise une grande autonomie dans la découverte du contenu - permettra d’en comprendre l’essence la plus profonde.