Le streaming du jour #1760 : 36 - ’Black Soma’

Depuis notre découverte de 36 en 2010, soit seulement un an après le début de ses activités alors confidentielles, nous n’avons jamais cessé de suivre les pérégrinations ambient de celui qui avait élu domicile chez Mystic & Quantum ou A Strangely Isolated Place avant de trouver à nouveau refuge au sein de son propre label.

En ce sens, défendu par 3Six Recordings comme tant de ses chefs-d’oeuvre initiaux, Black Soma poursuit et clôt la trilogie stellaire déjà composée des EPs Sine Dust et Tomorrow’s Explorers. Dennis Huddleston confie qu’il a voulu ce disque "davantage ancré dans la réalité et les préoccupations des gens vivant sur notre propre planète, aujourd’hui" là où les deux premiers volets étaient "souvent romantiques et sonnaient comme s’ils venaient d’un autre monde".

Forcément, en étant plus concentré que ses prédécesseurs sur l’intérêt des Terriens, Black Soma est doté d’un caractère moins spatial que ceux-ci. Mais si l’auditeur n’a plus autant la tête dans les étoiles, cela ne l’empêche pas d’être le spectateur de magnifiques déambulations sonores. Il n’y a guère besoin d’être doté d’un esprit particulièrement créatif pour imaginer les décors qui accompagnent cette odyssée permanente.

Si chacun des titres débute par le terme "black", l’ensemble n’est pas si sombre qu’il y paraît. Certes, les désespoir n’est jamais loin, mais la lumière ou le bruit des vagues viennent toujours apporter la preuve que le combat pour la survie n’est pas dénué de sens.

Aux variations ambient initiales du Black Soma introductif viennent s’ajouter des arrangements de cordes graciles dont la justesse et la beauté convoquent le Valtari de Sigur Rós. Après le passage d’une telle douceur néanmoins poignante, ne restent plus que la poussière et les dépôts. Black Sustain prolonge donc les étirements ambient de ce premier titre en n’en conservant que la moelle. Rien de superflu sur ce titre parvenant à donner l’illusion d’un horizon dégagé tout en étant pétri de ces détails qui font toute la richesse des compositions de 36.

Black Halcyon et Black Sun poursuivent ces explorations étirées et éthérées avant que la désolation des synthétiseurs de Black Shore n’apporte un regain de tension. N’entendons pas par là que celle-ci s’était absentée. Si les compositions de Dennis Huddleston prennent parfois leur temps pour dévoiler la totalité de leurs charmes à l’auditeur, ce n’est jamais par paresse et la transcendance n’est jamais bien loin.

Ces variations sont tout simplement trop riches pour s’offrir au premier venu et leur caractère addictif, à l’image d’un Black Future à l’aspect méditatif, ne tarde jamais à opérer. La fin de disque se veut plus austère, à défaut d’être apocalyptique, et le retour d’arrangements de cordes synthétiques sur Black Sleep et Black Cascade aura tôt fait de faire fuir les âmes les plus allergiques à l’évocation de la tristesse.

Tourmenté mais jamais dystopique, Black Soma est un album précieux tant 36 se montre au sommet de son art, mettant le savoir-faire acquis lors de ses diverses expériences au service d’une cause unique : un classique ambient lyrique dans la lignée du magnifique Two Doors composé pour le quatrième volet de notre compilation IRMxTP.


Streaming du jour - 25.12.2017 par Elnorton
... et plus si affinités ...
36 sur IRM - Bandcamp - Site Officiel