Sheik Anorak : « Il n’y a pas de règles »

Depuis Day 01 en 2010, Sheik Anorak, one-man band derrière lequel se cache Frank Garcia, envoie régulièrement de ses nouvelles via des albums où la mélancolie ferraille avec des choses plus retorses. Comme ses disques ne prennent jamais la poussière, à la faveur de la sortie de North Star, on lui pose quelques questions pour tenter de comprendre pourquoi.

«  Frank Garcia IS Sheik Anorak. Sheik Anorak was born in 2006. Sheik Anorak is a solo project. [...] Sheik Anorak is a noise project, but also rock... pop... improvised... experimental... Sheik Anorak is noise... and noise is sexy ».

Après tout, quand tout est dit, pourquoi multiplier les questions ? C’est que justement, on aimerait bien comprendre pourquoi, sous ses doigts, « noise is sexy ». Pourquoi, avec des armes si minimales, il réussit à provoquer tant de remous sous l’épiderme. Il n’y a jamais aucune surenchère dans la musique de Sheik Anorak, pas de chromes rutilants ni quoi que ce soit de vulgaire, juste lui, ses idées et ses instruments. Son tact et sa délicatesse aussi. D’autant plus qu’au fur et à mesure de ses albums, on a l’impression qu’il se dépare de ses strates pour ne garder que l’écorché et se faisant, se rapproche de plus en plus de Frank Garcia.

Infiniment personnels, ses morceaux peuvent paraître simples alors qu’une écoute attentive montre bien qu’au fond, tout y est compliqué. Il faut dire aussi que Sheik Anorak n’est pas le seul avatar derrière lequel évolue ce boulimique de musique : on ne compte plus les groupes auxquels il participe ou a participé et si chacun lui permet d’exprimer toutes ses envies (du black metal au free-jazz, de la pop à l’électro), nul doute que l’on retrouve dans son solo un petit peu tout ce qu’il explore par ailleurs.

Mais trêve de mots, laissons la place aux siens.


- Pourrais-tu te présenter en quelques mots pour celles et ceux qui ne te connaîtraient pas encore ?

Je m’appelle Frank, je suis musicien. Je suis français mais j’habite en Suède depuis 2 ans.
J’ai pas mal de projets et groupes mais le principal reste mon solo Sheik Anorak.
Je m’occupe aussi (quand j’ai le temps) d’un petit label indépendant qui s’appelle Gaffer Records, monté il y a treize ans.

- D’où vient ce titre, North Star ? Un rapport avec ta vie en Suède ? Et dans le même ordre d’idée, pourquoi Sheik Anorak ?

Le titre de l’album, North Star est effectivement lié à ma vie en Suède. Un double sens entre la vie en Europe du Nord et cette étoile qui servait à guider les voyageurs.
Et d’autres choses plus perso...
Pour le nom Sheik Anorak il date de l’époque où je répétais à Grrrnd Zero, passais tout mon temps là bas et y était impliqué. J’aime simplement le mot "Sheik".
Je trouve qu’il sonne bien, surtout pour un nom de groupe comme Heroine Sheiks par exemple (avec un/des ex-Cows).
Et Anorak vient des étudiants aux Beaux Arts qui venaient au concerts à Grrrnd Zero. C’est comme ça qu’on les appelait, les anoraks... parce qu’ils/elles portaient souvent des vieux anoraks des années 80.
Et l’association Sheik et Anorak est assez improbable pour que personne ne l’utilise... je me suis dit que ça ferait un nom de groupe parfait !

-  North Star reste, semble-t-il, fidèle à ton credo : celui de l’épure. Si on écoute tes albums à la suite, on a vraiment cette impression de délestage, comme si tu te débarrassais petit à petit du superflu pour ne garder que l’essentiel. Cela correspond-il à quelque chose que tu recherches  ?

Oui, tu as raison, il y a cette envie de minimalisme dans la musique de Sheik Anorak, tout en cherchant à varier autant que possible pour ne pas tourner en rond.
J’ai viré les cymbales sur Let’s Just Bullshit Our Way Through dans un soucis d’épuration justement... pour en remettre sur North Star mais en restant discret sur leur utilisation par exemple.
Ça manquait en live mais je ne voulais pas revenir à ce que je faisais avant non plus... une sorte d’entre-deux.

- Toutefois, une écoute attentive montre combien tout s’enchevêtre.
Autrement dit, la simplicité n’est qu’apparente et s’appuie sur une ossature complexe. Qu’est-ce qui vient en premier ? Une idée générale ou au contraire un pattern de batterie par exemple que tu étoffes avec d’autres instruments ? Comment se construit un morceau chez Sheik Anorak ?

C’est agréable que tu n’y vois pas QUE la simplicité de la répétition des mélodies.
Généralement il y a deux choses qui peuvent engendrer un morceau pour Sheik Anorak. Je dirai que 30% du temps c’est une mélodie de guitare, et 70% un pattern de batterie.
Je pars de cette idée et construis autour. En fonction des limites de mon installation, je vois par la suite si je pourrais le jouer en live ou pas.

- Cette construction prend-t-elle du temps ? T’arrive-t-il de délester un morceau de quelques strates ou, au contraire, d’en rajouter ? Quand sais-tu qu’un morceau est terminé ?

Non généralement c’est assez rapide... un morceau me prend quelques heures à "construire", ensuite c’est des arrangements et des ajustements si je veux le jouer en concert.
J’ai plutôt tendances à ne pas mettre trop de couches pour ne pas me perdre. Et un morceau est fini quand j’ai unilatéralement décrété qu’il me plaisait. Il n’y a pas de règles.

- Pour Let’s Just Bullshit Our Way Through, on avait l’impression que tu avais passé du temps à élaborer les morceaux avant de les enregistrer alors que Keep Your Hands Low semblait moins prémédité, plus pris sur le vif. Qu’en est-il de North Star ? Sa construction a-t-elle pris du temps ?

Oui, pour Keep Your Hands Low les morceaux étaient déjà là en gros. C’est une collection de morceaux live (plus 1 ou 2) que j’ai enregistrés et mis sur le même disque.
Je n’ai pas réfléchi au disque comme une entité sur le moment.
Let’s Just Bullshit Our Way Through était plus réfléchi. Je me suis enfermé à l’écart de la "civilisation", dans un bel endroit qui s’appelle PAF (en Picardie) pour finir de composer et enregistrer le disque.
Je le trouve du coup plus cohérent, plus abouti.
Et pour North Star c’est la même idée... j’ai fait pareil mais dans mon local à Göteborg. Je me suis isolé pendant plusieurs jours pour finir de composer et enregistrer le disque.
Avec une idée un peu plus précise de ce que je voulais, forcément inspirée de ma nouvelle vie en Suède... Ce qui donne un disque plus mélancolique, calme mais avec des moments plus lumineux.


- Un autre point commun dans tes albums : le chant.
Depuis son apparition timide sur Keep Your Hands Low, il devient de plus en plus présent jusqu’à occuper maintenant une place, non pas centrale, mais au moins égale à celle des instruments. Comment expliques-tu cette évolution et comment vois-tu la suite ? En outre, tu chantes en Anglais, le message est-il important ?

Oui j’ai décidé à partir de Keep Your Hands Low de rajouter du chant et de m’en servir - comme tu dis si justement - comme d’un simple instrument.
Le chant n’est ni moins ni plus important que le reste des instruments. Je vais continuer sur cette voie, en mettre même plus encore !
Ça vient aussi du fait que je me sens plus à l’aise avec ça, autant en live que sur disque. Je vais développer la voix encore dans le futur. Il y a plein de choses à faire !
Quant au message, non ça n’est pas primordial... j’ai bien sûr mon opinion propre que je mets en texte des fois mais ça n’est pas l’intérêt premier du chant pour moi.
Et j’utilise l’anglais pour une raison simple, je préfère la sonorité de l’anglais pour ce genre de musique. Par exemple dans un autre groupe dans lequel je joue, j’utilise le français et le suédois aussi pour les textes.
Mais Sheik Anorak sonne mieux en anglais je pense.

- Une nouvelle fois, ce qui frappe dans North Star, c’est tout à la fois son côté très éclectique mais aussi très cohérent : la grande mélancolie de l’ensemble, comme si tu te mettais à nu quelque part, les mélodies qui touchent systématiquement, etc. Est-ce une volonté de ta part ou n’est-ce qu’une impression d’auditeur ?

Merci pour la belle analyse de l’ensemble, ça fait plaisir !
Le côté éclectique n’est pas vraiment voulu même si je ne fais rien pour l’éviter non plus. Je suis conscient que les morceaux peuvent sembler disparates.
On me l’a d’ailleurs reproché. Mais ça restera comme ça. J’aime beaucoup de styles de musique différents, ça se ressent dans ma musique, c’est inévitable.
J’ai plein d’autres groupes pour satisfaire toutes ces envies de musiques différentes mais mon solo en est aussi le reflet.

- Dans la lignée de la question précédente, il me semble que ce qui caractérise la musique de Sheik Anorak, ce sont les émotions très personnelles qu’elle inspire. Quand tu construis un morceau, réfléchis-tu à son impact ?

Non je ne réfléchis pas à l’impact d’un morceau. Je le fais d’abord dans une démarche très égoïste... si ça me touche ou me plaît, je le garde.
Ensuite j’espère que ça parlera aux autres aussi, pas juste moi. Des fois ça marche, des fois pas.
Par exemple pour l’album précédent, j’ai eu des chroniques qui disaient que le disque était bon et touchant et d’autres qui disaient que c’était chiant voire même hautain/prétentieux !
Ça ne parle pas à tout le monde, c’est sûr !

- À bien y regarder, la construction de tes albums est très réfléchie :
des morceaux hyper efficaces en ouverture qui adhèrent vite aux neurones puis des choses de plus en plus personnelles, où tu te livres, où tu explores, au fur et à mesure que l’on avance dans la tracklist,
comme si tu prenais l’auditeur par la main pour l’emmener à l’intérieur du disque en le poussant à dépasser la façade pour découvrir des choses plus intimes. Comment construis-tu la tracklist une fois tous les morceaux en boîte ?

Je réfléchis à la tracklist une fois tous les morceaux enregistrés oui. J’ai effectivement tendance à vouloir mettre le plus efficace vers le début.
J’aime quand les disques (pas seulement les miens, hein...) commencent fort ! Après c’est un peu plus flou et perso... Je cherche une sorte d’équilibre mais c’est difficile à expliquer.

- Sur North Star, l’électronique semble occuper une place de plus en plus importante. Elle apparaît entre les boucles, la batterie omniprésente, etc. et les accompagne. Pourquoi gagne-t-elle ainsi du terrain ?

Tout à fait ! J’incorpore de plus en plus de sonorités électroniques... ça me plaît. Et ça permet d’explorer de nouvelles choses, de ne pas rester bloqué avec voix, batterie et guitare.
Ça va encore se développer dans le futur... sans délaisser le reste bien sûr.

- Autre point commun à tous tes disques, l’aspect extrêmement graphique de leurs pochettes qui résume bien ta musique : simple en apparence mais enchevêtré quand on y regarde de plus près.
Est-ce toi qui t’occupes aussi de cet aspect-là ? Est-ce réfléchi ?

Oui c’est moi qui fait les artworks en général... mais pas que. Par exemple j’ai fait appel à Ben Sanair pour la pochette de Keep Your Hands Low et Or.
Pour Day 01, Let’s Just Bullshit Our Way Through et North Star, j’ai fait les visuels. J’aime les formes simples, géométriques, les typos... ce genre de trucs. Donc oui c’est intentionnel.

- Peux-tu nous en dire plus sur la prochaine tournée ? En règle générale, est-ce facile pour Sheik Anorak de trouver des lieux où jouer, d’organiser une tournée ?

Alors je viens d’en faire une il y a peu de temps. C’était huit dates en France. J’ai tourné avec un groupe norvégien qui s’appelle Deathcrush. Des ami-es d’Oslo...
On avait prévu de tourner ensemble et ça s’est fait assez naturellement dans le sens où c’était pas trop difficile à booker parce qu’on avait pas d’exigences spéciales.
On a eu du défraiement sur toutes les dates et c’est tout.
En fait, même si je suis français et que je connais pas mal de monde en France qui peut me caler des concerts, ça reste difficile de jouer en France dans de bonnes conditions.
Quand je dis bonnes conditions je veux dire : ne pas perdre d’argent et jouer devant plus de 15 personnes.
Sheik Anorak n’est peut être pas assez « exotique » pour attirer du monde en France... je ne sais pas...
Ça marche bien mieux dans d’autres pays : Espagne, Portugal, Suède, Allemagne, Belgique, Hollande... du coup j’y vais souvent.
Et je ne vais pas me plaindre, j’ai la chance d’avoir plein d’ami-es un peu partout en Europe (et ailleurs) qui sont toujours prêt-es à me faire jouer ou à aider.
Du coup j’arrive quand même à faire plus de 100 concerts par an, en comptant tous les groupes/projets dans lesquels je suis impliqués.
En ce qui concerne le présent ou futur proche, j’ai quelques dates en solo en Suède en novembre mais la vraie tournée pour Sheik Anorak sera en mars. En France, Suisse, Allemagne, Pologne, Hongrie, etc.


- S.K. Records était impliqué dans la sortie de Keep Your Hands Low, Poutrage dans celle d’Or et derrière Let’s Just Bullshit Our Way Through ou North Star, on trouve Gaffer Records, ton propre label.
Tu es impliqué dans tous les atours de ta musique : tu composes, tu enregistres, tu distribues, etc. Y a-t-il une volonté de tout maîtriser voire une forme de militantisme derrière cet état de fait ou ce dernier vient-il des circonstances ?

Un peu des deux. J’aime bien être impliqué à tous les niveaux et en même temps j’ai beaucoup de mal à proposer/ vendre mon solo.
C’est dur de dire aux gens « Hé, ça vous dit de mettre de la thune dans mon projet ? ». Du coup je le fais tout seul et si certains veulent suivre ils/elles sont les bienvenu-es !
Et il y a un peu de militantisme à mon petit niveau... il y a certaines choses que je ne ferais pas. Mais je suis assez ouvert quand même.

- Tu participes à un nombre impressionnant de projets : Sheik Anorak, Neige Morte, LOUP, Totale Eclipse, Berget, -1 et j’en oublie certainement
(d’ailleurs, Sheik Anorak’s Past Lives permet d’en rappeler d’autres comme SoCRaTeS, Grand Royal, ...) sans oublier la gestion de Gaffer Records, les concerts, etc.
Comment fais-tu pour ne pas te diluer dans tout cela et faire en sorte que Sheik Anorak conserve sa patte, son truc bien à lui ?

Ce sont des projets bien différents selon moi. Je n’ai pas l’impression de me répéter dans aucun des différents groupes. La seule chose qui posait problème était le manque de temps.
J’ai résolu le souci en ne me concentrant QUE sur la musique. J’ai abandonné mon taf et me suis plongé à fond dedans.

- Te reste-t-il du temps en dehors de la musique ? Ta vie en Suède affecte-t-elle ou non ton implication dans ces divers projets ? A-t-elle changé les choses ?

Oui j’ai encore plein de temps... assez pour commencer de nouveaux projets à Göteborg. En plus de Berget, avec une pote qui fait de la batterie on à commencé un duo guitare/ batterie.
Et j’ai aussi d’autres projets en dehors de Lyon ou Göteborg comme Håla Duett (duo avec Yann Joussein) ou un trio/impro free jazz anglais (avec Colin Webster et Steve Noble).
La seule chose que mon déménagement aie changé est le rythme des répètes avec tous ces groupes. Il y en a moins mais quand on répète c’est plus intense ! Une autre organisation, c’est tout.
Et tous et toutes ont super bien réagi et sont très souples... je les en remercie !
Sinon j’ai encore plein de temps libre pour voir mes ami(e)s, ma copine, skater... tout ça. Je ne me plains pas !

- Sans vouloir dévoiler ta vie privée, comment de retrouves-tu désormais en Suède, à Göteborg, toi qui a vécu à Lyon ?
Ta vie là-bas a-t-elle un impact sur la musique de Sheik Anorak ?

Oui ça a eu une grande influence. Toute cette épuration et le calme plus présent dans les morceaux vient de là. Une vie plus posée, plus équilibrée... selon mes besoins/ envies du moins.
J’ai bougé en Suède un peu par hasard... mais pas que. En tout cas ça n’est pas pour quelqu’un comme semble penser/supposer plein de gens autour de moi... :-)
Mon premier souhait aurait été Lisbonne, mais le temps est trop clément, j’aurais passé mon temps dehors à skater ou me balader. Il me fallait un endroit plus rude !
J’avais pensé à Amsterdam mais pas top au niveau de la scène musicale. Du coup ensuite c’était Oslo mais la vie est ultra chère. J’ai fini par me rabattre sur Göteborg où je connaissais déjà quelques personnes.
Et je ne regrette pas, c’est sûrement la meilleure décision que j’ai jamais prise... avec celle de quitter mon taf pour ne faire que de la musique !

-  Ready, le premier extrait de North Star, était disponible sur les plateformes de streaming comme iTunes, Spotify, Tidal puis sur Bandcamp alors qu’il me semble que l’on n’y trouve pas les disques de Gaffer Records par exemple. Pourquoi ? Ton sentiment sur ces plateformes ? Sont-elles « un mal nécessaire » ?

Il y a quelques disques plus anciens du catalogue Gaffer Records sur ces plateformes, de l’époque où on bossait avec un distributeur anglais. Mais rien de récent à part les Sheik Anorak.
Je n’ai rien contre ces plateformes, au contraire ! J’utilise énormément Spotify par exemple... C’est juste que je me doute que peu de gens écoutent des musiques « extrêmes » sur ces plateformes.
Sheik Anorak s’y prête mieux. C’est tout...

- Des nouvelles de Grrrnd Zero ? Quel regard portes-tu sur Lyon maintenant que tu passes plus de temps ailleurs ?

Grrrnd Zero se porte bien, ils sont en plein travaux et il faut les aider ! C’est une très bonne initiative/ énergie collective. J’aime ce que Grrrnd Zero est devenu.
Ça sera bientôt une très belle salle de concert avec locaux de répètes, ateliers, etc.
Quant à Lyon il se passe plein de choses. De nouvelles salles, nouveaux groupes, nouveaux labels. C’est très excitant !
Il y a toujours plein de choses positives venant de Lyon, ça fait plaisir. En ce moment, je suis content que SK Records reprennent du service par exemple.
Il y a aussi AB Records et toute leur bande qui font de très belles choses et sont très actifs. Et toujours le Sonic, le Périscope, etc.

- As-tu encore le temps (ou simplement envie) de faire des découvertes musicales ? Si oui, qu’écoutes-tu en ce moment ?
En règle générale, quels sont les disques qui reviennent le plus souvent dans tes enceintes ?

Carrément ! je suis super curieux et j’ai toujours envie de découvrir des nouveaux trucs ! Je télécharge et streame beaucoup... depuis que je ne fais plus que de la musique, c’est assez tendu financièrement par contre.
Mais il y plein de choses à découvrir... et quand je peux j’achète des disques ou du merch en soutien.
En ce moment j’écoute beaucoup de hip hop... beaucoup de rap français : le dernier Nekfeu est super, le dernier Orelsan aussi... ou les anciens classiques comme les X-men, Lunatic, La Cliqua, La Brigade...
Du rap US : A$AP Mob, Run The Jewels par exemple pour les trucs récents... ou Mobb Deep, OGC, Sean Price pour les vieux classiques.
Beaucoup de rock/pop genre Local Natives, Warpaint, Sylvan Esso, Everything Everything...
Et toujours pas mal de metal... assez large genre Krallice, Portal, The Contortionist (surtout les derniers bien prog) par exemple...

- Y a-t-il des projets, des groupes, des collectifs, en France ou ailleurs, dont tu te sens proche, sinon dans la musique, tout du moins dans la démarche et les intentions ?

Oui il y a des gens dont je me sens proche, mais pas tellement dans la musique directement... plus la façon de faire, l’état d’esprit.
Par exemple le collectif ATR à Lisbonne, Koloni ici à Göteborg, ou encore les GTOK ? GTKO ! de Paris, Poutrage de Reims et plein d’autres.
Ce sont des gens géniaux qui sont indispensables à la survie de cette scène indé/DIY. Ils/Elles ne s’en rendent peut-être pas compte mais sans eux, rien ne serait possible.

- Ta musique se nourrit-elle exclusivement de musique ou d’autres formes d’art entrent-elles en ligne de compte ?
Tu as ainsi collaboré avec une compagnie de danse par le passé, Kubilai Khan Investigations, cette collaboration a-t-elle eu une influence sur Sheik Anorak ?
Si oui, de quelle manière ? Tu portes également un soin particulier à accompagner tes albums de vidéos, cela aussi a-t-il un impact sur ta musique ?

Oui les autres formes d’art sont aussi une source d’inspiration. La vidéo par exemple... étroitement liée à l’univers de Sheik Anorak par le biais de mon pote Amaury (Agier Aurel).
On bosse ensemble depuis longtemps, il a fait la plupart des vidéos de mon solo (celles en plan séquence, et clips...).
Je sais que sa façon de bosser m’inspire pour ma propre musique. On parle de travailler sur un court/moyen métrage ensemble... à présenter en live.
La danse aussi, oui. La collaboration avec la compagnie Kubilai Khan Investigations n’est pas finie !
On joue encore la création 2015 sur laquelle j’ai bossé et on attaque une nouvelle création pour 2018 avec la même équipe en juin. J’ai hâte !
Super belles personnes, super talentueu-x-ses ! Et on continue le duo avec la danseuse flamande Esse Vanderbruggen... La track Pattern 0 est issue de ce duo.

- À toi pour le mot de la fin...

Merci :-)


Les interviews sont toujours trop courtes... Si des questions restent en suspens, allez rencontrer Sheik Anorak en vrai, il y a de fortes chances pour qu’il passe non loin de chez vous. Ou alors jetez un œil à son Bandcamp, nombre de réponses étant tout simplement contenues dans sa musique.

Une chronique de Keep Your Hands Low est lisible ici.

Une autre de Let’s Just Bullshit Our Way Through se tient .

Une dernière de North Star se trouve par là-bas.

Un grand merci à Frank pour sa spontanéité, son exhaustivité et sa disponibilité.


Interviews - 14.11.2017 par leoluce


Chroniques // 14 novembre 2017
Sheik Anorak

Sheik Anorak continue à arpenter un espace qui n’appartient qu’à lui : one-man band à la sensibilité exacerbée, il nous envoie quelques nouvelles par le biais de North Star, carnet de voyage doux-amer qu’on ne se lasse pas d’explorer.