Vigri - NÚNA

C’est sûrement l’une des meilleures nouvelles de ce début d’année : Vigri, groupe islandais découvert en 2011, sort son deuxième album ! Et c’est peu dire qu’il était attendu tant Pink Boat, classé 6e de notre top mensuel de l’époque, était brillant. Bonne nouvelle, donc, mais également vraie surprise car si on savait que le groupe travaillait sur de nouveaux morceaux, aucune date n’avait filtré sur la sortie de ce disque, NÚNA (« maintenant », en français).

1. Einhvern veginn fer það
2. Gamalt Lag
3. Back to the Heart of the World
4. I Follow
5. Breathing Work
6. Always for You
7. Alpha
8. Skel
9. Í Alfaraleið

date de sortie : 11-01-2018 Label : Autoproduction

Il aura donc fallu patienter près de sept ans pour découvrir, non sans fébrilité, le successeur de Pink Boat. Enregistré en studio mais également dans différentes églises du pays et dans le bar Kaffibarinn 101 à Reykjavík, NÚNA n’a pas l’immédiateté de son grand frère mais on y retrouve toutefois une ambiance vaporeuse chère au groupe et cet attachement à l’environnement naturel qui l’entoure. Sur cet album, le groupe a également souhaité se concentrer sur le moment présent : "Les gens ont tendance à se préoccuper du passé et du futur et oublient d’apprécier le moment présent. C’est en dehors de cette combinaison de vieux, de recyclé et de nouveau qu’est né le son de NÚNA."


En 2011, Bjarki et Hans Pjetursson nous entrainaient sur le terrain d’une pop aérienne où les arrangements faisaient la part belle aux instrumentations classiques. Aujourd’hui, exit - ou presque - cordes et cuivres, le groupe a cette fois opté pour une direction davantage synthétique. Si les compositions ne perdent rien de leur lyrisme, cette évolution rend probablement l’album moins direct que son prédécesseur. D’ailleurs, quasi-imperceptiblement, ce virage commençait sur Sky Mynd, composé pour notre compilation Clouds, avant de s’affirmer plus ouvertement courant 2013, où des morceaux d’un futur album furent présentés en concert. Bjarki nous confiait alors que ce changement assumé résultait d’une volonté de se renouveler et de ne pas tomber dans la facilité. C’est certainement aussi ce qui explique cette longue attente.




Malgré ces nouvelles sonorités, Vigri ne perd toutefois rien de son sens de la mélodie et demeure ainsi fidèle à son univers mélancolique, la voix des deux frères restant le vecteur principal des émotions transmises dans les compositions. Gamalt Lag, qui suit la courte introduction Einhvern veginn fer það, pose ainsi les fondations dans ce sens : des nappes de claviers, telle une force tranquille, sur lesquelles se pose le chant vaporeux. Ces ingrédients constituent la base de l’album, à laquelle chaque titre ajoutera sa variante. Ainsi, là où Gamalt Lag flirtait avec le downtempo, les percussions sur Back to the Heart of the World amènent une énergie nouvelle ainsi qu’une certaine luminosité somme toute paradoxale au regard des paroles "bury me in the clouds". Il faudra alors plusieurs écoutes pour apprécier pleinement les nuances de NÚNA.
I Follow débarque ensuite, avec son piano et sa boîte à rythme annonçant une ballade classique, voire presque téléphonée. C’était sans compter sur le relief apporté par les arrangements au fur et à mesure de la progression du titre dont le final majestueux constitue l’un des points d’orgue de ce disque, avec la montée en puissance des chœurs masculins soutenus par une sorte de dislocation rythmique, et qui en fait probablement l’un des titres les plus accrocheurs lors du premier passage dans les écouteurs. C’est aussi le titre où le travail vocal est le plus visible, le groupe ayant eu la chorale Kaffibar en renfort, mais il ne saurait occulter son importance sur les autres chansons, et notamment sur Always For You. Ici, le groupe revient à ses premières amours, où guitare acoustique et orchestrations classiques sont de retour et rappellent leurs compatriotes du groupe Árstíðir.




Quant au côté accrocheur, le saccadé Breathing Work n’est pas en reste avec un rythme lorgnant sur le trip-hop et une chorale spectrale. Le refrain, qui arrive tardivement, est irréprochable d’efficacité et on se surprend à secouer nos têtes. Marque des grands titres, sans aucun doute.
On le disait cependant, toutes les pistes ne se révèlent pas aussi pleinement à la première écoute, ce qui est le cas d’Alpha, qui devient rapidement indispensable, tout comme Í Alfaraleið, qui reprend à lui seul l’ensemble de la richesse du disque, qu’elle réside dans les orchestrations, la progression ou les chœurs, en faisant l’épilogue parfait. Et entre ces deux titres, il y a le magnifique Skel dont les premières notes de piano suffisent à vous tordre les tripes avec cette mélodie débordante de nostalgie mais également imprégnée d’espoir.


NÚNA est sans aucun doute indispensable aux amateurs de pop onirique et subtile, où les envolées lyriques ne tombent jamais dans une grandiloquence inutile.

Chroniques - 14.01.2018 par spydermonkey
 


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