Shame - Songs of Praise

1. Dust on Trial
2. Concrete
3. One Rizla
4. The Lick
5. Tasteless
6. Donk
7. Gold Hole
8. Friction
9. Lampoon
10. Angie

2018 - Dead Oceans

Sortie le : 12 janvier 2018

Shame

L’évolution de la consommation musicale permet d’élargir le spectre de nos appétences. Et forcément, le format pop, celui qui reste le plus accessible au commun des mortels, tend à être délaissé au gré de découvertes plus palpitantes (et parfois alambiquées) les unes que les autres.

De temps à autre, il convient cependant de revenir aux sources avec un quintet britannique composé d’un chanteur, un bassiste, deux guitaristes et un batteur. La base. La structure de Radiohead n’est pas différente. Pour autant, Shame évolue dans un tout autre registre, et il est peu probable qu’ils empruntent une progression aussi ambitieuse à l’avenir.

Ce constat est celui que l’on dresse à l’écoute de Songs of Praise, leur premier disque, mais finalement, Pablo Honey ne donnait pas une impression si différente. Il est toujours possible d’être surpris. Pour l’heure, le chanteur Charlie Steen et ses partenaires privilégient néanmoins l’immédiateté.

Le chant rugueux et les instrumentations électriques lourdes rappellent les origines prolétaires d’un combo qui ne voit guère que les Sleaford Mods se dresser en modèle dans le paysage britannique actuel. Shame exprime néanmoins d’une autre manière que celle choisie par Jason Williamson et Andrew Fearn la révolte d’un peuple pessimiste quant à son avenir politique.

En plus d’une voix éraillée malgré les vingt printemps de son propriétaire, il est ici question de fûts martyrisés, comme sur Concrete, et de guitares lourdes dont la friche semble maîtrisée si bien que l’on serait curieux de voir le quintet évoluer vers un univers plus psychédélique à l’avenir, façon Black Angels.

Ici et là, des phases plus mélodiques apparaissent. Le single et sommet du disque One Rizla en est l’illustration la plus parfaite, bien que les suites d’accords soient légèrement noyées dans une réverbération savamment dosée. Sans avoir l’air d’y toucher, les Londoniens composent un album varié et inspiré, sur lequel se croisent les spectres des Sex Pistols, des Smiths, de Parquet Courts ou même, de manière plus espacée, des Psychedelic Furs. Du pop-punk bien troussé, en somme.


( Elnorton )

Disques - 14.01.2018 par RabbitInYourHeadlights