Après un MB I I I - dont on parlait un peu ici mais aussi là - impressionnant d’équilibre entre tourments noisy et atmosphères plus insidieuses, sa suite directe MB I I I . V M I C H O A privilégie ces dernières et l’on ne s’en plaindra pas. Bestiale sur scène, Chris Martinez se fait ici plus inquiétante, à l’image d’un Dennis Rodman où le flow tantôt exsangue sur des couplets étonnamment neurasthéniques, pitché sur un premier verset frénétique ou carrément caverneux et flippant incarne mieux que jamais la schizophrénie d’une psyché morcelée sur fond de beats downtempo et de guitare barbelée.

Avec son portrait primitif aux yeux écarquillés, la pochette de M I C H O A n’est pas sans évoquer l’Amérique de Blood Clot où tout le monde, quelle que soit sa couleur de peau, semble lutter pour sa survie face à l’injustice et au rejet. Un titre où les riffs de guitare dronesques et lancinants prennent le dessus sur le beat, évoquant le Dälek d’il y a 12 ou 15 ans : dystopique, larsenisant et lourd de menace.

Enfin, tout aussi rampant, Body passe de stridences en saturations autour d’un rap plus clair et posé qu’à l’accoutumée, contemplation détachée d’une décadence urbaine musicalement pas si éloignée des anticipations cauchemardées de John Carpenter, tandis que le final 32 joue sur l’expressivité d’une voix pitchée au flux ininterrompu de réflexions sur le rejet du vieillissement et de la stagnation, tentative d’épure sans concession aux guitares presque doom ambient qui se termine comme elle avait commencé, sur quelques beats à nu grésillant dans le néant : un sommet, qui laisse augurer du meilleur - et surtout du plus inattendu - pour la suite des aventures du duo de Minneapolis.