RougeGorgeRouge - 4

Nouvel album pour RougeGorgeRouge et nouvelle réussite, 4 poursuit la voie de l’amalgame fragmenté tout en restant indivisible. Et plus le groupe explore, plus il se rapproche de ce qu’il est.

1. Your Shadow
2. Kill My Friends
3. Disappear
4. The Digger
5. (My) Evolution
6. Finger
7. Hara Hora
8. Bit Tune

date de sortie : 01-10-2021 Label : Autoproduction

RougeGorgeRouge poursuit son bonhomme de chemin, continue à faire tout pareil en faisant complètement différent. Ce quatrième album, judicieusement intitulé 4, est ainsi tout à la fois dans la lignée des précédents mais rompt quelque peu avec eux.
De prime abord, il sonne un brin moins motorik que NaSH (2019), un poil plus indie-pop (ou -rock) quHypersomnia (2016) et chante évidemment beaucoup plus que FROAST (2013) tout en demeurant élégamment noisy. Les claviers rêveurs et le chant éthéré de Your Shadow en ouverture semblent planter un décor ténu mais ce n’est qu’un leurre. On connait bien l’animal et on sait qu’un seul morceau ne saurait suffire à définir un album tout entier. Ainsi, Kill My Friends et Disappear qui lui succèdent immédiatement, beaucoup plus typés ’90s (mais dans des registres différents), viennent ainsi rompre le paradigme onirique à peine esquissé. Et alors que la trajectoire calcinée ramène à Superchunk ou Yo La Tengo, The Digger change encore de direction et encore (My) Evolution après lui et ainsi de suite.
On voit bien comment on se trompait de prime abord. Toujours adepte du kaléidoscope musical, RougeGorgeRouge retrouve ça et là des bouts de ses trois albums précédents mais les agence différemment : ça donne l’impression d’un changement radical alors qu’il ne s’agit que de nuances. Les élans kraut perdurent, les effluves psycho-wave tribales et les crocs également mais dans des proportions inédites rendant 4 bien singulier au regard de ce que l’on connaissait jusqu’ici.

On dira alors prudemment de ce dernier qu’il met en avant la malléabilité rythmique et les guitares. Et l’exploration. Ce n’est pas non plus tellement différent de ce que le groupe malaxe habituellement mais ça change tout de même. Pour le reste, le songwriting reste de haute volée et on est toujours soufflé par la capacité que montrent les Bordelais à toujours retomber sur leurs pieds : ici, des claviers froids qui, d’un coup, deviennent plus chauds sur le refrain (Kill My Friends), là, la guitare qui se lance dans un monologue transcendantal furibard (Disappear), l’urgence (The Digger) puis l’élévation (Finger voire (My) Evolution), l’élan motorik disloqué (le très intéressant Bit Tune) et le mélange de tout cela (l’époustouflant Hara Hora).
À la fois échantillonné et radical, flou et carré, il se dégage de 4 une vraie patte qui fait que l’on identifie RougeGorgeRouge quelle que soit la direction qu’il poursuit. On reste captif de la boule à facettes catadioptre que le groupe construit patiemment, album après album, brouillant les pistes, ne s’interdisant rien et mettant une égale conviction dans tout ce à quoi il s’essaie. Parce qu’au bout, même s’il brouille les pistes, sa sensibilité inonde le moindre recoin du moindre morceau et en face, on ne peut que s’incliner.
Pour l’heure, RougeGorgeRouge sort 4 en autoproduction, on espère qu’un/des label(s) mettra(ont) la main à la patte pour que la "Very Limited Edition Compact Disc" et tout ce qu’elle contient - sa belle diversité mystérieusement homogène et son indie-post-pop-rock noisy et psyché toujours prenant - devienne très vite moins limitée. En attendant, on écoute et on réécoute plus que de raison.

Comme à l’habitude, très très très recommandé.


Chroniques - 03.11.2021 par leoluce
 


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Depuis son Froast inaugural de 2013, RougeGorgeRouge n’a cessé d’affiner sa musique et livre aujourd’hui NaSH, une belle pièce psycho-amalgamée qu’on ne se lasse pas d’explorer.