L’histoire de Mintzkov anciennement appellé Mintzkov Luna s’est déjà construite autour de victoires. En 2000, le groupe remportait le Humo’s Rock Rally, concours annuel organisé par le magazine belge Humo. Vint ensuite, en 2003, l’heure du premier album M For Means L For Love qui restera pour moi l’une des grandes références du rock belge. Alors oui, j’aborde ce second album avec une réelle fébrilité.

1. Like After Fire - qui a mis le feu ?

Dès les premières notes de l’album, on sent effectivement la température monter d’un cran. Gros son de basse, rythme de dance-floor et guitares abrasives, la recette qui nous a fait tant aimer ce groupe est au rendez-vous.

 indierockmag : Et comme on milite pour la galanterie chez indierockmag, honneur aux dames. Lies, qui a mis le feu sur la pochette ?

 Lies Lorquet (Basse & Chant) : Comme vous le savez peut-être, Min Chul et Philip sont tous deux des artistes, et ils pourraient facilement faire les pochettes de nos disques. Mais nous nous rendons tous compte que celles-ci doivent nous refléter tous les 5, puisque c’est le cas pour la musique. Alors, tout comme pour le précédent disque nous avons contacté un designer graphique pour nous aider. Kurt Max (http://www.myspace.com/doppler76), un artiste-designer basé à Anvers, nous a proposé quelques concepts, et nous avons choisi celui qui nous plaisait le plus.
Au départ, le phoenix n’était pas rose, c’est quelque chose que Min Chul a demandé à Kurt de changer. Et il y avait des églises en feu et des gens qui se noyaient aussi !!! Nous ressentons tous que la forte imagerie qu’est cet oiseau semblable à un aigle représente les chansons d’une manière positive ! Et ce n’est pas trop sérieux parce que c’est rose ! 

2. Ones Equal A Lot -

La mise en jambe faite, la première bombe souterraine explose. Le son est saturé plus qu’il ne faut, les guitares sont abrasives au possible, les voix profondes, il est clair qu’on ne fait pas les choses à moitié côté mixage. Mark Freegard à la production, on ne se refuse rien chez Mintzkov !

 indierockmag : Pouvez-vous nous en dire plus sur son intervention dans la conception de cet album ?

 Mintzkov : Mark est un très gentil Londonien (et non pas Écossais !) Il nous aimait tellement qu’il n’a jamais réellement dû changer quoi que ce soit dans les chansons ! Il a enregistré les chansons tel qu’il pensait qu’elles devaient être. Après tout, la plupart des chansons étaient prêtes depuis deux ans ou plus ! Alors nous savions ce que nous voulions faire et il nous a aidé à peaufiner cela. Il a changé la structure de 3 chansons, et nous a aidé à trouver les bons sons de guitare et de claviers.

3. Return & Smile - dEUS jamais bien loin.

J’ai souvent rêvé de dEUS qui aurait splitté après The Ideal Crash , l’un des autres albums indispensables du rock belge. Et j’ai souvent rêvé aussi à dEUS qui convierait quelques charmantes voix féminines pour soutenir la passion. Enfin, ça c’était avant que je découvre Mintzkov et du coup avant ce parfait Return & Smile.

 indierockmag : Marre qu’on vous parle de dEUS (C’est la dernière fois pour aujourd’hui, rassurez-vous) ?

 mintzkov : Pour être honnête, je n’aime pas la comparaison. Je comprends que dEUS soit un grand groupe, ils sont très sympa, et ils ont ouvert la voie pour tous les jeunes groupes en Belgique qui voulaient faire quelque chose de personnel, loin des circuits commerciaux.
Mais je ne joue pas de la basse comme dans dEUS, et ce n’est pas du tout ce que je veux ! Je pense aussi que les gens qui n’arrêtent pas de nous comparer, même avec ce disque, ne se sont même pas donnés la peine d’écouter ce disque avec un esprit ouvert. Les chansons sont totalement différentes, un point c’est tout. Oui, nous jouons du rock alternatif, mais je vous en prie jugez les chansons comme elles le méritent. Nous travaillons vraiment dur pour faire la musique que nous voulons entendre, la musique que nous aimons.

4. 360° - Vue circulaire au centre d’un stade.

Ceintures obligatoires dans cette nouvelle attraction du futuroscope. Prenez 4 jeunes gens, branchez les amplis, et faites-leur jouer ce 360° à fond les manettes. Et vous verrez le public léviter tout au long du morceau, porté par un rock qui déboulonne, une cadence explosive à faire palir (c’est déjà fait) Brian Molko (Placebo) et Matthew Bellamy (Muse).

 indierockmag : Quel morceau surprenant ! Quels sont les résultats côté public en concert ? Faire la tournée des festivals européens, ça vous plairait ?

 mintzkov : Les chansons de cet album sont conçues pour être jouées en public, que ce soit dans de grandes, de petites salles, des festivals, des clubs, des jardins, peu importe !! Nous n’avons pas vraiment de plan quand nous écrivons un titre, mais il est devenu vraiment évident que nous voulions un album de rock vraiment puissant ! Nous avons donné quelques concerts ce mois (de mars) et le public a vraiment bien réagi !! Y a même des gens qui ont dansé un peu !! C’est tellement cool !

5. Ruby Red - l’écho des Pixies.

Allez savoir pourquoi, le titre m’a joyeusement fait penser aux Pixies. Ed Is Dead, Brick Is Red, je n’ai jamais su où donner de la tête avec ce groupe culte. Et ô joie, j’ai bel et bien l’impression de reprendre le même plaisir ici. Ce morceau respire le rock, la pop, le mariage des voix est tout aussi sublime que le duo Black/Deal, la construction du morceau aussi folle que celles de leurs pairs. Un morceau à ne rater pour rien au monde.

 indierockmag : Qui parle le plus des Pixies dans la bande et pourquoi ?

 mintzkov : Je crois que je suis la plus grande fan des Pixies dans le groupe, et peut-être Min Chul aussi. Je les aime parce que tous leurs albums valent cinq étoiles. Mais ce qui m’inspire le plus ce sont les mélodies. Les gens tendent à l’ignorer mais toutes les chansons des Pixies sont tellement reconnaissables. On les entend une fois et on s’en souvient. C’est parce qu’on reconnaît immédiatement la voix de Frank Black et aussi parce que les lignes de chant interagissent de façon très intelligente avec les accords de guitare. C’est aussi le groupe qui possède les meilleures lignes de basse jamais écrites, en rapport avec ceux-ci. Et la batterie est toujours bien calée, jamais rien de trop, juste assez. Je trouve ça difficile d’expliquer la magie des Pixies, mais j’ai essayé !

6. Miles Ahead - beauté et technologie.

Je ne dirais rien à propos de ce morceau, je vous laisse la surprise. Mais sachez que sa beauté n’a d’égale que sa débauche technologique. J’éxagère un poil, mais quand le groupe se fait plus calme ce n’est que pour nous ravir, alors ne soyons pas avare en comparaisons.

 indierockmag : On a beaucoup parlé de groupes établis depuis le début de cette interview, mais vous devez probablement écouter quelques "jeunes" groupes ?

 mintzkov : J’ai récemment découvert que j’aimais bien certains groupes expérimentaux. C’est quelque chose que je n’aurais jamais imaginé parce que j’adore les structures nettes et les lignes claires, c’est quelque chose qui ne me lâchera jamais, je crois.
Pour en citer quelques-uns : Traffico de Limburg (Belgique), The Hickey Underworld, Dez Mona et Siesta d’Anvers, des trucs des Balkans (merci Borat !), j’adore AC/DC, Grandmaster Flash, Johnny Cash, Giorgio Moroder et Roxette, et je suis une grande fan de Vitalic et M.I.A. Le dernier CD que j’ai acheté était le best-of de Megadeth. Mon copain essaie aussi de m’apprendre la musique classique, mais j’oublie tout le temps les titres !

7. Let’s Talk Things Over - Bass & Floor

Toujours ces basses, ces rythmes hypnotiques. Certes, sur un baladeur mp3, c’est la mort assuré, mais sur du matériel à la hauteur c’est un voyage en supersonique qui vous attend. Étourdissant.

 indierockmag : Finissons-en avec la jeunesse et ce "son belge" qui semble toujours paré pour le dance-floor. Comment expliquez-vous cette passion sonore souvent présente sur vos morceaux comme sur celles de nombre de vos compatriotes ?

 mintzkov : Je crois que les Belges ont un accès facile à tout ce qui se fait de bien en musique dans le monde entier. Nous avons des magasins de musique alternative dans toutes les villes, un guide télé grand public (Humo) qui parle de musique alternative, une radio nationale (Studio Brussels) qui passe du rock, de la dance, de la pop pour les jeunes sans être trop commerciale. Alors, en fait, on peut écouter ce qu’on veut ! Les Belges ont un don pour créer le son qu’ils veulent avec les influences venues de tous les genres de musique.

8. The State We’re In

Et la France alors, votre album y sera-t-il distribué ? Comptez-vous un jour venir nous rendre visite pour un concert ? (en attendant, Popshop.be ou Proxis)

 mintzkov : On aimerait vraiment jouer en France, mais on ne peut pas tant que les disques n’y seront pas distribués. Néanmoins, vous pouvez les acheter légalement via iTunes ! En ce moment nous ne savons pas si les amateurs de musique français sont interessés par Mintzkov, mais on va bientôt savoir !

9. Title You - le coup du sonic

Re-belote, nous revoilà en train de parler de nos vieilles références, ici les Sonic Youth sont à l’honneur.

 indierockmag : Re-détour dans cette interview, la discographie des Sonic Youth vous fait-elle rêver, et quel album en particulier ?

 mintzkov : Philip est le plus grand fan des Sonic Youth, il les a vus en concert plusieurs fois. Son album préféré est Washing Machine . C’est aussi mon favori. C’est le seul que j’ai ! Je crois que Min Chul et Daan préfèrent les albums expérimentaux.

10. Sugar Rush - Good Vibrations

 indierockmag : Pour l’instant, vous semblez partis sur la base d’un album tous les 3 ans, tant que c’est du bon comme ça, on signe pour le prochain sans problème. Mais de quelles façons avez-vous occupé ces dernières années ?

 mintzkov : En 2004 et 2005 on a tourné en Belgique et en Hollande. Quand on tourne on n’écrit pas de nouvelles chansons. En tous cas, on n’en finit aucune. Le reste du temps, on passe des heures entières en salle de répétition, 6 jours par semaine. On a enregistré l’album en seulement deux semaines, parce qu’on avait travaillé tellement dur pour fignoler tous les détails de toutes les chansons ! Et puis, aussi, on est des travailleurs acharnés, pas des travailleurs rapides ! On essaie toutes les idées qu’on a. Et on discute beaucoup ! On veut enregistrer nos nouvelles chansons dès qu’elles sont prêtes, alors peut-être que cette fois-ci on n’attendra pas trois ans.

11. Hitman - L’histoire finit bien.

Jusqu’au bout, cet album est captivant. Même ce Hitman sous ses aspects rustres est d’une classe nouvelle. C’est le genre de morceau qu’il me plairaît de matraquer en radio, jusqu’à épuisement de l’auditeur.

 indierockmag : On a déjà pu voir le très joli clip de Mimosa extrait de votre 1er album, aura-t-on le loisir de vous redécouvrir de la sorte pour cet album ?

 mintzkov : Faire des vidéos ça coûte très cher ! On achète notre propre caméra pour faire nos propres clips, là. Je suis sûr que Min Chul a d’excellentes idées, on vous tiendra au courant !

Leur 1er opus restera donc pour l’instant la référence, le mètre-étalon de leur carrière. Et ce second se retrouve donc mesuré à quelques titres près aussi brillant que le précédent. Mintzkov semble donc tout droit parti pour nous faire une discographie exemplaire et cet album en fait partie avec ses morceaux carrément au-dessus du lot. Anglo-saxons tremblez !

Site Officiel : www.mintzkov.com

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