Régulièrement à l’honneur dans nos colonnes depuis 10 ans, les Hollandais Ralph van Reijendam et Robbert Kok aka Tangent (à ne pas confondre avec le combo électro/post-rock australien Tangents, autre "gros client" d’IRM) sont de retour avec un 5e opus pour n5MD, peut-être bien leur meilleur pour le label et leur plus belle réussite depuis les deux albums sortis respectivement chez Mindtrick Records et sur le défunt Tympanik Audio, 1mk2 et Transience.

Certes, dans la foulée, Collapsing Horizons et même Approaching Complexity n’avaient pas tout à fait démérité, mais en délaissant les racines industrielles du groupe, perdaient quelque part en puissance des contrastes ce qu’ils gagnaient en finesse du sound design. Or sur Presence Reverts to Absence, tous les ingrédients sont à nouveau réunis pour un grand album d’IDM à une époque où même les simples réussites se font rares dans un genre tristement dominé par l’esbroufe technique et les copiés/collés de faiseurs au savoir-faire inversement proportionnel à l’inspiration : le feeling d’organisme vivant, des morceaux imbriqués qui racontent et une histoire et distillent une atmosphère digne de ce nom, un équilibre assez idéal entre l’abstraction souvent abrasive ou pour le moins viscérale des beats et une dimension plus cinématographique, les sonorités électroniques (les clicks & cuts, synthés futuristes, arpeggiators et voix désincarnées) et organiques (le piano aux accents modern classical, les field recordings et autres affleurements noisy), la tension rythmique et une mélancolie presque ambient.

Toujours très deep et méditative, la musique de Tangent retrouve donc ici ses collisions thermodynamiques qui nous étaient si chères mais aussi sa part d’ombre, de quoi accoucher de l’un de ces sommets de science-fiction allégorique dont le duo a le secret avec ce disque marqué par les thèmes de la disparition et de l’absence et dans lequel il n’est guère difficile d’imaginer une sorte d’album de deuil, avec tout ce que cela induit de sentiments contradictoires.