Depuis une paire d’années, l’excellent Cashus King aka Troy Johnson, dont on avait notamment vanté le superbe Lost In The Wilderness en 2018 (avec Blu sur un titre déjà) et son céleste single You Are What..., semble privilégier les formats courts, de singles en EPs aux tracks condensés en une piste d’une douzaine de minutes. Fidèles compères du rappeur de Los Angeles qui l’accompagnent dans ses pérégrinations malheureusement sous-côtées, un certain Jeff Johnson II... et Blu donc, auquel il dédie The Blu​(​e) Tape, 9 morceaux pour 13 minutes où les deux MC connus pour leur intégrité et leur amour des productions aériennes se succèdent avec élégance et fluidité sur des instrus signés CinemaTaGraffiti.

Comme souvent avec le Californien, on est dans un rap ligne claire aux influences daisy age doublées d’une pincée de synthés G-funk, avec cette touche de lyrisme et d’introspection mélodique évoquant les premiers opus de Kanye West, une idole de jeunesse très probablement pour Troy Johnson qui à juste titre n’est tendre ni avec sa direction musicale actuelle ni avec ses dérives antisémites comme en témoignait en janvier le single Dear Kanye, appelant à ce que "quelqu’un lui vienne en aide". En attendant, l’egotripé de Chicago a définitivement trouvé un digne repreneur pour l’évidence mélodie des Late Registration et The College Dropout, un rap particulièrement accueillant et facile d’accès dont on pourra regretter le léger manque d’audace mais dont l’enchaînement sans temps mort de motifs jazzy/pop cristallins et de synthés aériens aux allures d’ode à la liberté et à l’espoir des cieux azur s’avère une fois de plus ici tout à fait immédiat et irrésistible.