Babelfishh x Reindeer - No Man’s Gospel

1. Blackened Atlas
2. Concrete Island
3. Black Tea Day
4. Old Foundry Towns
5. Spinal Landscape
6. F. Dibnah
7. Strasbourg Cathedral
8. Rusted Silos
9. Contamination Due
10. Nobody Tries

2023 - VI .VI .VII

Sortie le : 2 octobre 2023

Le gospel de pirates de Babelfishh et Reindeer

Après les poignantes vibrations électro-acoustiques du score de ballet Cognatus pour Jamesreindeer, aussi éloignées que possible si ce n’est pour leur dimension minimaliste du hip-hop fiévreux qu’on lui connaît, et l’énorme Cold Labor de mars dernier où Babelfishh croisait le fer avec Dug Yuck à la lisière d’un boom bap squelettique et inquiétant façon Sixtoo et de courants de conscience funestes, revoilà les deux piliers du collectif VI.VI.VII mais ensemble cette fois, autant dire que les aficionados du défunt label britannique Decorative Stamp dont ils furent les plus beaux représentants dans les années 2010 attendaient avec impatience ce No Man’s Gospel annoncé depuis plusieurs mois par le MC anglais et son compère d’outre-Atlantique.

L’album allait-il trouver son créneau particulier au sein de leurs passionnantes discographies respectives ou sonner comme une somme des parties en associant le rap à fleur de peau du premier, dont le flow nasillard fait partie des plus singuliers entendus ces 15 dernières années, et la radicalité du second ? Eh bien la réponse est immédiate, et d’autant plus surprenante de par le choix de laisser le micro à Babelfishh tout au long du disque : avec Blackened Atlas puis Concrete Island, que l’on soit dans une sorte de psychédélisme DIY aux drums dysrythmiques ou dans un hip-hop aux guitares très présentes dont la batterie finit par mettre les voiles en un crescendo aux connotations post-rock, on pense pas mal au premier album de Sole & The Skyrider Band, véritable anomalie jamais vraiment suivie d’effet qui semble enfin trouver ici un héritage à sa mesure.

Un univers hybride à la croisée d’un indie rap désossé, d’une americana crépusculaire et d’un rock très free, lofi et habité qui s’impose sur la durée de l’album, du fébrile Black Tea Day au final Nobody Tries tout en spleen vocal, drones de guitare et gerbes rythmiques en passant par le narcotique Spinal Landscape dont les riffs évoquent presque les Doors de The End, le bipolaire Strasbourg Cathedral partagé entre des passages ambient aux accords de piano épars et bribes de trompette dissonante et des pics d’intensité électriques, ou encore le déséquilibré Rusted Silos dont les fûts paraissent prêts à s’effondrer à tout moment sous le poids des guitares saturées et du rap véhément.

Après Papervehicle, un petit monument de plus à mettre au crédit des 667 cette année !


( RabbitInYourHeadlights )


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