IRM Expr6ss #6 - spécial Jim Noir
Alors qu’est prévue pour le 17 septembre prochain la sortie de l’attendu Jimmy’s Show 2, premier long format en 5 ans pour le Mancunien qui fera suite au superbe A.M Jazz (cf. ici tout en bas d’article), il était temps de se pencher sérieusement sur la salve étonnamment variée d’EPs publiés ces derniers mois par l’auteur de l’increvable Tower of Love.
En effet, après plus d’une douzaine d’années à sortir des collections de chansons et d’instrumentaux uniquement à l’intention de ses soutiens Patreon (le fameux "Jim Noir Club", dont faisait partie l’EP HELLO chroniqué dans nos pages l’an passé) et à se faire oublier du grand public plus encore qu’il ne l’était déjà du temps de Zooper Dooper, Jim Noir en avait lâché une partie fin 2020 via une page Bandcamp dédiée, puis complété le tout en janvier dernier par une dizaine d’EPs supplémentaires et même quelques autres enregistrés depuis. Au total, ce sont pas moins de 31 formats courts souvent très inspirés que le Britannique nous permet désormais d’écouter en toute liberté, dont 6 datés de 2024 sur lesquels se penche cette nouvelle sélection IRM Expr6ss.
Tennith (Autoproduction, 10/01)
De l’électro pas si lounge (voire même un chouia angoissée, cf. The Spider, dont le final surprend en citant un sample popularisé par le Wu-Tang Clan) aux enluminures subtiles et de toute beauté et aux harmonies vocales éthérées (Gemini High) avec petit intermède folk qui va bien (Arizona), on commence par l’un des plus beaux EPs de la série, de quoi mettre la barre assez haut d’emblée et nous rappeler que l’on a toujours affaire à un musicien transverse et passionnant, même s’il navigue désormais sous les radars des publications spécialisées.
EP 12 (Autoproduction, 10/01)
Sobrement nommé dans la lignée de toute une série de courts-formats d’abord uniquement adressés à ses fans, EP 12 incarne la facette pop la plus inspirée de l’Anglais, à la fois désuète et irradiée de mélancolie (Lose It), accrocheuse et inventive (le merveilleux Frightened Of Flying avec ses breaks aux rondeurs jazzy, entre deux passages techno-pop à synthés aux rythmiques plus rigides), acoustique et rétro-futuriste (le planant Too Late), idiosyncratique et aventureuse (Sunday, entre gimmicks mélodiques attendus et breakbeats atypiques pour lui). Un 4-titres qui frise le sans-faute, si ce n’est pour le portrait kitsch qui lui sert de cover mais après tout pourquoi pas !
Ladybird (Autoproduction, 23/04)
Peut-être la sortie la plus cohérente de la sélection, un véritable petit cousin de l’homonyme de 2008 qui brasse en quatre titres motifs synthétiques aériens (Home Iber), groove imparable (Ladybird), rondeurs électro-pop désarmantes (Out Of Sight, digne du meilleur d’un Metronomy par exemple) et envolées stellaires arpégées venues tout droit d’un temps où l’on rêvait encore le futur sereinement (Matrice Mille), le tout avec une classe intersidérale. Perfection !
Random Electrics (Autoproduction, 5/06)
L’EP le plus substantiel (5 titres pour pas loin de 27 minutes) mais aussi le plus surprenant de cette série, puisque 100% instrumental et à dominante électronique, une influence ceci dit fortement présente chez Jim Noir depuis les tout débuts, Air et le label Warp ayant à plus d’une reprise été cités dans nos chroniques et ce dès Tower of Love. Ici toutefois, le Britannique verse plus frontalement dans l’electronica, cf. notamment Brian Leyland’s Hits Of The DX11 et ses circonvolutions cristallines et oniriques dignes de Plaid, l’IDM glitch et concassée d’un A Blues E évoquant rien de moins que Boards of Canada, l’ambient stellaire de Goodnight Jim ou même l’espèce de dub acid de l’introductif Traintrack Tom. Quant à l’immense Strangerdust, il s’inscrit dans la continuité d’A.M Jazz avec son groove stratosphérique à la Moon Safari et ses basses rondes que magnifient des arrangements plus sombres et inquiétants à la manière des cuivres d’un John Barry.
This Was That (Side A) (Autoproduction, 8/06)
Cet EP sorti début juin appelle probablement une suite, et on en sera assurément ravi si elle témoigne du même élan de plaisir créatif que ces 5 titres partagés entre pop baroque aux arrangements synthétiques incongrus comme chez Eels première période (Beach Bum, Heroville), comptines décalées tout en contrepieds ostentatoires (Nothing At All), rock rétro/psyché sans chichi (Richard And Eric) et bidouillages méditatifs (John’s Television Lament). La drogue c’est mal, mais parfois c’est frais, surtout quand elle transite par les tympans.
Serious Mature Photo Music (Autoproduction, 8/08)
Il fallait bien un "maillon faible", ce sera donc Serious Mature Photo Music, dont la psyché-pop plus classique s’avère essentiellement typique du musicien (cf. See My Mind et Morning Light, post-Byrds aux accents shoegaze doucereux et aux touches électro discrètes). Pour autant, la sérénarde 60s It’s Been Nice est joliment bucolique et noyée de reverb, et See Ya Mono-P In 3D prend le reste du disque à contrepied avec ses arpeggiators kosmische hypnotiques et envoûtants. Autant dire qu’il y a toujours de très belles choses à se mettre sous la dent avec sieur Alan Roberts de son vrai nom, et que l’on n’est certainement pas au bout de nos surprises en explorant plus avant la page Bandcamp du "Jim Noir Club"...
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