Arctic Monkeys - Favourite Worst Nightmare

Après avoir autant profité (d’un point de vue commercial) que souffert (du point de vue de la crédibilité) du buzz et de la hype (petit festival de termes barbares) qui avaient précédé, par le biais d’un détournement du peer-to-peer aussi agaçant que jouissif, la sortie officielle de leur premier album il y a maintenant près d’un an et demi, le quatuor de Sheffield est de retour, près à en découdre avec les attentes d’un public majoritairement jeune et versatile, et d’une critique certes moins jeune mais parfois tout aussi versatile.

1. Brianstorm
2. Teddy Picker
3. D Is For Dangerous
4. Balaclava
5. Fluorescent Adolescent
6. Only Ones Who Know
7. Do Me a Favour
8. This House Is A Circus
9. If You Were There, Beware
10. The Bad Thing
11. Old Yellow Bricks
12. 505

date de sortie : 23-04-2007 Label : Domino

Les attentes de la rédaction d’Indie Rock Mag et des membres du forum, quant à elles, étaient avant la sortie de ce Favourite Worst Nightmare aussi diverses que les points de vue possibles et imaginables sur les Arctic Monkeys et - accessoirement ? - leur musique : un groupe prometteur trop monté en épingle, une arnaque jeuniste au marketing savamment étudié, des chroniqueurs surdoués du quotidien de la jeunesse anglaise, les meilleurs héritiers des Libertines, les pires héritiers des Libertines, une bande de gamins inexpérimentés au talent aussi limité sur scène que sur album, un effet de mode condamné à splitter et passer à la trappe en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.

Pour ma part, je ne m’étendrai pas sur leur statut d’ex-prolos ni sur leur moyenne d’âge d’à peine la vingtaine, ces considérations déplacées leur ayant largement assez nui par le passé. Non, au lieu de tout ça, je commencerai plutôt par parler des changements. Changement de bassiste, tout d’abord, puisqu’Andy Nicholson a laissé sa place il y a quelques mois à l’ex-Dodgems Nick O’Malley. Changements musicaux ensuite... oui bon là, d’accord, au regard des changements radicaux annoncées par le groupe pour ce nouvel album, les quelques rythmiques tribales, incursions arabisantes et autres touches électro distillées au fil des chansons de Favourite Worst Nightmare sont loin de passer pour une révolution, mais il faut bien avouer que malgré la diversité des attentes (parmi lesquelles l’absence d’attente d’ailleurs, largement répandue parmi leurs détracteurs déjà nombreux), personne en tout cas n’attendait d’un groupe comme les Arctic Monkeys la même évolution musicale que l’on attend par exemple de Radiohead à chaque nouvelle livraison... pas vrai ?

Non, ce que j’attendais, personnellement, des Arctic Monkeys, c’était qu’ils parviennent à conserver ce ton si particulier et tout à fait personnel qui est le leur, quelque part entre journal intime à fleur de peau et recul pétri d’ironie et de dérision sur un quotidien fait de grégarisme solitaire, de lassitude et de passion, de désirs et de peurs, d’espoirs et de désillusions.

Ce que j’espérais secrètement, c’était qu’ils réussissent à retrouver cette urgence charnelle héritée des Libertines, encore eux, qui émaillait leur premier album et fait si souvent défaut aux groupes anglais de la génération Bloc Party (à commencer par eux-mêmes, d’ailleurs). Qu’ils évitent la redite du deuxième album sous pression, que leurs chansons gagnent en variété, qu’ils nous pondent un crêve-coeur ou deux et tout ça sans prendre une tronche à la Kele Okereke, plus prompt comme chacun sait à critiquer les musiciens infiniment meilleurs que lui qu’à écrire des chansons impérissables.

Et ce sont autant de souhaits exaucés, ou pas loin, par les Arctic Monkeys avec cet album tout à fait réussi, qui devrait balayer nombre de réticences et de malentendus - toute mauvaise foi mise à part, bien sûr. Car plus concis (12 morceaux pour 38 minutes) et d’une tonalité générale plus sombre que son prédécesseur, ce bien-nommé Favourite Worst Nightmare suinte l’urgence paranoïaque (et mince, "urgence", deux fois ce terme si souvent galvaudé dans une même chronique, honte sur moi) et flirte avec l’arrêt cardiaque, pour le plus grand bonheur des amateurs de rock bien trempé aux riffs acérés.


Alors évidement je ne crierai pas au chef-d’oeuvre pour autant, loin de là, dieu sait que l’on en aura eu d’autres à se mettre sous la dent se mois-ci, mais entre l’efficacité du premier single Brianstorm, réponse humanisée aux pénibles Klaxons, le pouvoir d’accroche des singles potentiels D Is For Dangerous et This House Is A Circus, la qualité générale de chansons telles que Teddy Picker, Fluorescent Adolescent, Do Me A Favour ou encore If You Were There, Beware, et enfin les vibrants Only Ones Who Know et, surtout, 505 en touchants accroche-coeurs (à défaut de véritables crêve-coeurs, fallait pas pousser, non plus), les "gamins" de Sheffield auront finalement fait taire les médisants qui les voyaient déjà splittés, morts et enterrés bien profondément sous une marée d’autres groupes vite exp(l)osés, vite oubliés : non, décidément, les Arctic Monkeys ne seront pas de ceux-là.

Chroniques - 28.04.2007 par RabbitInYourHeadlights
 


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