Air : interview avant tournée

Lors de leur passage à Blois en juillet, le reporter/fan se retrouve face à ses idoles...

Pas tout à fait remis du concert des Stooges, Blois m’offre encore un moment de bonheur absolu : je vais rencontrer Air, le groupe que j’écoute depuis mes treize ans ! Un responsable du festival "Tous sur le Pont" vient vers moi : "le groupe arrive dans 5 minutes, n’hésitez pas à vous servir au bar !". Me reviennent alors des images de sortie de collège chantant Sexy Boy avec mes potes... Les deux musiciens arrivent, serrage de pognes, discussion sur tout et rien, et c’est parti !

Comment démarre un nouvel album d’Air ?
Nicolas Godin : Beaucoup de circonstances, beaucoup de demandes, on est assez open quand quelqu’un nous propose un projet, en ce qui nous concerne c’est un truc instinctif. Justement on est dans la maison de la magie et on essaye de la garder, même nous on ne veut pas trop savoir comment ça se passe, il y a certains morceaux qu’on a fait, je serais incapable de dire qui a fait quoi, comment sont nés. On arrive en studio parfois, il y a un espèce d’éclair, à la fin on a fait le morceau on ne se rend même pas compte de quel a été le processus, quoi.

L’instrument que vous allez utiliser aura-t-il une conséquence sur la composition ?
Jean-Benoît Dunckel : Oui forcément. On est très manuels, on va révéler quelque chose, on va l’enregistrer et ça va déboucher sur une partie musicale et puis ainsi de suite. On ne pense pas du tout de façon théorique, c’est vraiment en jouant, en enregistrant, on a vraiment la culture de l’enregistrement, on passe notre temps à s’enregistrer sur des maquettes qui évoluent, voire pas de maquette, quelquefois on garde la première prise, ça dépend. Je pense que pour faire de la musique ce qui est important c’est d’avoir subi un choc émotionnel positif ou négatif. Être artiste c’est utiliser les éléments émotionnels de sa vie pour les réutiliser sous la forme de musique ou de sculpture. Ce qui est important c’est de ne pas avoir une vie trop rangée !

Air est un groupe très reconnaissable avec un son très particulier, y pensez-vous au moment d’écrire ?
Jean-Benoît Dunckel : Non, dès qu’on touche un instrument on a notre son, notre style, même si l’instrument va avoir une conséquence sur la compo elle-même n’importe quel rythme… instrument qu’on va toucher, on va arriver à le phagocyter un peu, il faut en même temps être original, en même temps que chaque chanson soit différente et en même temps qu’au bout de 5 secondes on reconnaisse que c’est Air ! C’est un espèce de mystère pour nous. Avoir un style perso ça va au-delà de la qualité, on peut dire que quelque chose est bien ou non alors qu’au moins quand tu fais ton truc il n’y a pas d’échelle de valeur, plus rien, on n’est plus dans le qualitatif, tout est possible à ce moment-là.

Vous êtes passés à un format plus chanson sur vos derniers titres, il n’y a plus ces longues plages que l’on pouvait trouver sur 10 000 Hz Legend...
Jean-Benoît Dunckel : Bonne remarque… Quelquefois on fait vraiment des chansons, mais néanmoins sur Pocket Symphony le dernier morceau ça reste quelque chose de pas du tout formaté chanson.
Nicolas Godin : Il y une nouvelle formule d’écriture qu’on a aimée et qu’on a fait sur 5:55 de Charlotte [Gainsbourg, ndlr] et sur Once Upon A Time, c’est une sorte de thème qui ne contient pas de première, deuxième ou troisième partie comme sur 10 000 Hz Legend , alors que là c’est une mélodie qui est modulable, qui retombe sur ses pieds comme un cycle, sans aucune partie, à chaque album on cherche une nouvelle forme d’exercice de style.

Il y a eu il n’y a pas longtemps un concert avec vos collègues versaillais Phoenix, Alex Gopher et Etienne de Crécy, avez-vous ressenti de la nostalgie et est-ce qu’il y avait une émulation entre vous ?
Jean-Benoît Dunckel : Non aucune nostalgie ! Carrément pas !! Il y a eu une émulation entre artistes, comme une séance de spiritisme musicale, ça nous a permis de rêver, on s’est un peu tous convaincus et voilà !

Quelle est l’importance des voyages dans votre musique ?
Nicolas Godin : C’est une question que je me pose, mais on a une expérience des voyages qui est toujours la même, On voit les mêmes genres d’endroits, on a un mode de vie qui est assez particulier, on voyage beaucoup la nuit etc., il faut qu’on aille au-delà de ça se nourrir de nouveau de petites choses. J’adore rouler la nuit pendant les tournées mais pour quelqu’un qui ne connaît pas ça… Il faut arrêter avec ses expériences personnelles, on a un peu tendance dès qu’il nous arrive un truc à vouloir en écrire une chanson et en fait c’est quand même beaucoup d’ego ! Au début, avec Moon Safari , il y avait des chansons plus tournées vers l’extérieur comme Kelly Watch The Stars, et c’est peut-être mieux comme ça. On a rencontré pas mal de musiciens qui n’ont plus de distance avec ce qu’ils font et c’est dangereux. Je pense que les prochains morceaux que je vais essayer de trouver dans ma tête seront inspirés d’expériences personnelles.
Jean-Benoît Dunckel : On s’inspire beaucoup de groupes que l’on rencontre sur la route, on rencontre des musiciens qui nous font écouter leurs groupes favoris, des nouveaux styles de musique, du coup ça cogite et sans copier, on s’en trouve inspiré.


Propos recueillis le lundi 2 juillet 2007. Lire également notre chronique de Pocket Symphony .


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