Légère valse-hésitation au moment de céder à l’avant-première proposée par NPR de cette mise en musique par les Versaillais du fameux Voyage dans la Lune de Méliès. Pas emballé outre mesure par les courts extraits entendus et surtout nettement refroidi par un Love 2 qui semblait avoir attiré le groupe dans les filets d’un easy listening plat et sans folie, j’y allai un peu reculons, juste assez pour être cueilli par un album qui à défaut de génie fait finalement preuve d’un beau renouveau d’inspiration.

Pour la première fois peut-être depuis le superbe et parfois trop mésestimé Talkie Walkie - ou plus exactement depuis l’attachant éponyme de Darkel auquel cette succession de mélodies de piano en majeur et de jams plus frontaux voire martiaux aux assises rythmiques minimalistes doit beaucoup - la simplicité des compositions de Air marquées tantôt par le psychédélisme italien des 60’s (la veine lounge de Morricone ou ses BOs pour Argento ne sont pas loin), le krautrock ou l’électro vintage des années 70 fait fi de toute facilité, s’inscrivant au contraire dans l’héritage de cette enfance de l’art chère à Méliès dont l’invention se nourrit des rêves et jamais ne tarit.

Ainsi, ce qui fait finalement tout le prix de ce Voyage dans la Lune n’est pas tant sa capacité de coller à l’univers du cinéaste que sa propension à s’en détacher pour générer son propre imaginaire visuel, que chacun sera libre d’affiner au fil de ses voyages aussi fugaces (l’album ne dure que 31 minutes) qu’élégants, au diapason des participations de ses vocalistes invitées Victoria Legrand (Beach House) et Au Revoir Simone - dans une charmante alternance d’anglais et de français pour ces dernières, sur un titre digne des troublantes complaintes gothiques du Danny Elfman de Nightmare Before Christmas.