Alzo & Udine - C’mon And Join Us !

Cherry Red Records vient de rééditer l’unique album d’Alzo & Udine, chef-d’oeuvre oublié des sixties, sorti en 1968, année de toutes les audaces pop qui aura vu certains groupes connaître leur heure de gloire pendant que d’autres tomberont de façon incompréhensible dans l’oubli. Alzo & Udine font ainsi partie de ses grands couturiers de la pop, laissés sur le bord de la route quand sonne l’heure des rétrospectives.


1. Something Going
2. Hey Hey Hey, She’s OK
3. Rain (De Rain)
4. I Can’t Believe It
5. Want Your Love
6. Drag of a Bag
7. Lead You Down That Road
8. This Room
9. You’ve Got Me Going
10. Define
11. Speech
12. C’mon and Join Us
13. Hot Time in the City [Bonus Track]
14. All of My Lovin’ [Bonus Track]

date de sortie : 30-11-1967

Trouver des infos sur Alzo & Udine, ce duo obscur, que ce soit sur le net ou ailleurs, relève du parcours du combattant. La musique ne semble avoir été qu’une parenthèse dans la vie des ces deux latino-américains originaires de New-York. Tout juste apprend-t-on qu’Alzo Fronte pratiquait la musique depuis l’âge de quatorze ans dans une école d’art de la côte est, lorsqu’il rencontre Udine avec qui il décide de fonder un duo au milieu des années 60, après une expérience au sein d’un groupe, The Insanities, qui tournera court. En 1968, le label Mercury, là encore on ne sait trop comment, leur propose un deal pour enregistrer un album.
Il en résultera ce C’mon And Join Us !, sorte d’étoile filante pop à la durée de vie éphémère qui ne connaîtra qu’un mince succès. Il faut dire que le disque sonne comme une anomalie dans l’environnement musical de l’époque. Tout juste peut on les rapprocher d’un groupe comme Love pour l’influence latino évidente et ces mélodies en escalier qui préfigurent avec quinze ans d’avance la pop des Pale Fountains, Prefab Sprout et autre Aztec Camera qui illuminera les années 80. Là est la grande force de ce duo aux faux-airs de David et Jonathan : dans ces constructions harmoniques qui s’imbriquent les unes dans les autres comme des poupées russes, dans ces pièces montées d’accords baroques qui évoluent en spirale avec une liberté totale pour donner naissance à cette pop gigogne unique. Alors qu’Alzo et sa guitare douze cordes est responsable des structures complexes des douze morceaux qui composent C’mon And Join Us !, les percussions semblent dévolues à Udine, visiblement très influencé par la northern soul du label Motown dont les singles trustaient les charts et envahissaient les ondes de l’époque. Piano, congas, bongos, maracas et autres claquements de doigts donnent ainsi une texture soul et un groove irrésistible aux chansons du duo, bande-son moite d’un été qu’on imagine caniculaire (ça n’est pas pour rien qu’un des deux bonus de la réédition s’appelle Hot Time In The City). Il faut certes passer outre la voix d’Alzo, maniérée et chichiteuse, qui n’hésite pas à s’inviter dans les aigus pour succomber au charme suranné des pépites que sont Something Going, Hey Hey Hey, She’s OK ou Rain (De Rain). Mais au final C’mon And Join Us ! se révèle tout à la fois un album de pop, de folk et de soul, un génial crossover de genres, le chaînon manquant entre les disques de Postcard Records et ceux de la Motown.

Suite au split du duo en 1970, Alzo sera embauché au service courrier de la maison de disque Ampex pour lequel il enregistrera son premier album solo puis un deuxième, trois ans plus tard qui ne paraîtra... qu’en 2004 au Japon, pays dans lequel le duo semble bénéficier d’une mince notoriété toute relative. Pendant tout ce temps il tiendra une petit boutique d’antiquaire à New York avant de succomber à un infarctus le 2 février 2004 dans l’indifférence générale. Quand à Udine, si quelqu’un a des nouvelles qu’il fasse suivre à la rédaction d’Indierockmag...

Chroniques - 05.05.2008 par Aurelien