Ceux qui avaient découvert Ez3kiel en 2007 avec la mélancolie douloureuse de l’envoûtant Naphtaline, quelque part entre trip-folk atmosphérique, jazz et néo-classique lorgnant par moments sur l’ambient, risquent fort d’être déçus par ce cinquième album studio des Tourangeaux, fers de lance du label électro lyonnais Jarring Effects dont on ne finit plus de chanter les louanges depuis le début de l’année pour les derniers albums notamment de Deschannel, Revo, B R OAD WAY ou Fumuj.

S’il perpétue le traitement électro et dub de sonorités cinématiques, folk ou ambient-rock caractéristiques des précédents albums du groupe, ce "champ de bataille" toujours en majeure partie instrumental peine en effet à se trouver une vraie ligne directrice entre des morceaux électro-rock percutants et martiaux, batterie très en avant, dans lesquels une tendance à la grandiloquence et à la démonstration prend trop souvent le dessus, et d’autres, atmosphériques et downtempo mais plus froids et classiques, moins émotionnels et spontanés que leurs touchants prédécesseurs.

On notera tout de même quelques grands moments de lyrisme qui font mouche, comme ce break de cuivres à coller le frisson sur l’instrumental d’ouverture Adamantium, ou le crescendo de tension au final presque post-rock du formidable Volfoni’s Revenge quelque part entre Lalo Schifrin et Hans Zimmer, mais plus généralement l’album apparaît aussi mécanique que l’oiseau sur la pochette, malgré d’étonnantes incursions parodique (The Montagues And The Capulets) ou hardcore (Firedamp, visiblement influencé par John Zorn) dont ne doute pas une seconde de l’effet en concert.