Parce qu’avant de parler de musique, on pourrait s’étendre longuement sur Oslo, la Norvège d’où nous vient Sjur Lyseid à la tête de ce projet solo et "loin" de son groupe Monzano. Rêver d’habiter ce territoire qui nous rapprocherait un peu plus du toit du monde. Finir par se lasser de ses aurores boréales. Trouver nos marques avec un soleil qui ne tournerait vraiment pas rond. A moins que ce ne soit nous qui ne tournions pas rond, le Leap Years de The Little Hands Of Asphalt étant pas mal aussi dans son genre. Et pour preuve, même la tracklist au dos de l’édition norvégienne s’est mélangée les pinceaux. Comment voulez-vous qu’on aborde tout ça sereinement ?

A la découverte de cet artiste, je m’étais d’ailleurs bien vite emballé, laissant à penser en une nouvelle incarnation d’Elliott Smith. Ce n’était pas si faux que ça, puisqu’on remarquera également un bon petit goût de Bright Eyes dans les entournures, des petites guitares country rares et pas superbes (oui vous avez bien lu, on avoue aussi les défauts), quelques petites touches d’harmonica également. Pas si typique que ça me diront les uns, pas si tripant que ça me répondront les autres. Et c’est là où tout le monde se trompe, parce qu’il y a de quoi en tomber onze fois amoureux de cet album, ni plus ni moins.

Bienvenue aux courageux, aux téméraires, qui viennent de nous rejoindre. Et désolé pour ceux qui ne seraient pas amateurs de douceurs pop-folk, puisque c’est ça le programme de la nuit, alors prenez les caresses et fuyez pendant qu’il en est encore temps. On pourrait prendre 3 morceaux presque au hasard, que le verdict serait toujours le même. Bait par exemple, parfaite épure musicale nous montre à quel point la voix de Sjur Lyseid est d’une délicatesse sans pareille. Il en profite le norvégien puisque le seul luxe qu’il se paye, c’est de la doubler, de s’auto-accompagner, quel veinard, on ne peut qu’être envieux. La jalousie s’installe sévèrement lorsque sur Some Things We Need To Forget, on le surprend en charmante compagnie et qu’en cœur ils nous glissent un « the terrible truth is love has torn us apart ». C’est un discret duo tapi sous The Little Hands Of Asphalt qui s’amuse à déchirer les sensibilités. Finissons par ce morceau Little Carrie, où bien malin Sjur Lyseid commence sa chanson en donnant la date, l’heure et d’entonner le coeur léger "Si c’était une chanson, je n’aurais pas utilisé ton vrai nom" ; ce qui creuse inexorablement le fossé entre lui et nous, l’artiste peut tout se permettre, même draguer devant un auditoire. On passera sur le reste, même Words That Kill, puisqu’on le sait maintenant : les mots peuvent faire mal.

Ce qu’il faut finalement retenir de tout ça, c’est comment The Little Hands Of Asphalt sur son premier album nous offre un des plus beaux prétextes pour faire l’amour et écouter de superbes compositions. Un album simple, doux, rare, qu’on peut tout à fait consommer hors des années bissextiles. Faudra simplement attendre que quelqu’un se décide à le distribuer en France en cette belle année qu’on placera sous le signe du cœur.

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