Katel - Decorum

Précédemment sur indierockmag, j’avais déclaré ma flamme autour du Raides à la Ville de Katel, première mouture d’un album composé alors de 8 titres. L’histoire était belle, éphémère, rêveuse, pourquoi se lancer dans l’acte II sur fond de Décorum ? Je me le demande encore.

1. Decorum
2. Vue sur le Ring
3. Mon Vieil Ami
4. Hurlevent
5. Quelque Chose (qui nous suit)
6. Tombée dans l’Escalier
7. Chez Escher
8. Vacante
9. Le Chant du Cygne
10. La Bouche
11. Les Parfums d’Été

date de sortie : 26-04-2010 Label : Polydor

Car du haut de ma douce innocence, je n’avais pas vu venir les coups bas que me porterait Katel ... ou plutôt Karen. Tout d’abord, et c’était prévisible vu leur collaboration passée et le talent des uns et des autres, la belle a fait main basse sur le groupe Di-Ankh, pour le meilleur et pour le pire. S’en est suivi sa signature chez une major, avec notamment la réédition de Raides à la Ville, réarrangé, réorchestré et complété par la même occasion. Et comme si tout ça ne suffisait pas à jeter le trouble (je passe et je garde en mémoire les quelques mots doux envoyés par messagère interposée), voilà revenu ma muse avec un Décorum taillé pour me rendre bavard. Trois mois que je rumine ma vengeance, que j’essaie de digérer cet album, et je compte bien rendre coup pour coup ce que j’ai pris comme gifles.

Douceur n’ayant jamais rimé avec docilité, je cherche encore les failles de son premier morceau éponyme : Décorum. Des années qu’on ne m’avait pas fait le coup de la chanson qui te parle, qui te touche, avec laquelle tu t’endors et te réveilles, emplie de paroles où chaque mot compte, jusque dans la conjugaison avec en bonus une discrète et ô combien efficace guitare s’immisçant dans l’idylle des arrangements. Une claque, une belle, une comme je les aime, voilà comment débute cet acte II et rendez-vous est donc pris, sous le charme ou sous un hêtre, ou les deux histoire de ne pas faire de jaloux.

Non, je n’ai pas nagé dans le bonheur immédiatement, ça a été tout sauf un coup de foudre de prime abord. Il me faut pour être juste, rappeler les trois pas en arrière que j’ai fait durant mes premières écoutes. Du lyrisme à gauche, des arrangements en pagaille à droite, et l’esprit rock perdu au fond, voilà tout ce que j’entendais. Comme si la légèreté d’un morceau pop était la règle, comme si l’immédiateté d’un morceau rock était nécessaire. Ah oui, j’étais loin, mais alors très loin d’imaginer qu’avec le recul cet album entrerait dans des dimensions aussi abracadabrantes que celles de la pochette tout en restant convaincant.

Vue sur le Ring mêle à merveille les contrastes, on jurerait pénétrer dans un studio hanté par ses requins, avant qu’une ingénue fée clochette ne vienne faire pétiller le tout. Hurlevent met carrément les bouchées doubles sur l’orchestration tandis que Chez Escher se pose à la limite d’univers rencontrés chez Les Elles voir Camille. C’est déroutant, c’est osé et Tombée dans l’Escalier tourne l’exercice en psaume.

On se retrouve presque plus à notre aise dans les territoires rock (Le Chant du Cygne), quasi trip-hop (La Bouche) voir rageur (Les Parfums d’Été). Sacrée réussite ce triptyque de fin qui se termine quand même dans des contrées où vocalises à la Elizabeth Frazer se confondent dans l’angoisse d’une musique presque lynchienne.

On n’oublie pas le calme de Mon Vieil Ami et Vacante qui permettent chacune d’apprécier en toute simplicité le chant et le verbe d’une grande artiste.

Oui, c’était prévisible, à force de croiser et de collaborer avec des artistes tel que Nosfell, Yann Tiersen, des artistes enclins à la liberté, rien ne filtrera sur l’avenir du groupe. Deux albums à son actif, et déjà des incertitudes : la chanson française cèdera-t-elle sous les assauts répétés du groupe, le rock en prendra-t-il pour son grade dans l’un de ces moments habités dont ils ont le secret, à moins qu’ils ne se jettent dans une forme d’épure la fois prochaine. On n’en sait rien et on s’en fout, Katel n’est pas là pour bouleverser les codes mais pour un peu de folie et de déraison. Oui, c’est ça le Décorum, un album qui prêche la beauté et qui sombre dans la déraison. Vindieu, fallait oser !

Chroniques - 19.06.2010 par indie
 

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