Dark Dark Dark - Wild Go
Quand j’écoute ce Wild Go, j’ai l’impression d’être en famille, ça sent bon le chien, la tarte aux pommes et le café de grand-mère. Comment ? Ce n’est pas très vendeur tout ça ? Êtes-vous donc nés à la ville et élevés à la bouffe sous atmosphère modifiée pour n’avoir jamais goûté de saveurs authentiques ? La maison Dark Dark Dark, c’est de la générosité, du talent et des valeurs simples qui pourtant tendent à disparaître de nos jours.
1. In Your Dreams
2. Daydreaming
3. Heavy Heart
4. Celebrate
5. Nobody Knows
6. Something For Myself
7. Right Path
8. Robert
9. Say The Word
10. Wild Go
En 2008, quand nous était apparu le groupe originaire de Minneapolis avec son premier album The Snow Magic, on avait flairé le bon coup qui se cachait derrière la bande de troubadours de Dark Dark Dark. Il y avait tant de sincérité qui s’échappait du chant à tue-tête de Nona Marie Invie et Marshall LaCount, tant de classe "bon vieux temps" servie par les banjo, accordéon et contrebasse ; il n’en fallait pas plus pour réchauffer les cœurs tout en nous faisant regretter de vivre dans ce monde de dingue plutôt que dans le leur.
Un monde vraiment à part, ni franchement Nouvelle-Orléans, ni même sorti, comme tout ce qui sort, comme par hasard, de Brooklyn. Et je prends comme témoins l’aventure cinématographique Flood Tide et Bright Bright Bright l’EP, le tout déjà évoqué dans nos colonnes. J’en suis d’ailleurs à me demander si l’illustration de ce six titres n’auraient pas été comme un gant au LP Wild Go qui nous intéresse ici. Car même si Dark Dark Dark ne semble ancré ni dans le temps, ni dans l’espace, c’est chez eux qu’il nous invite, là maintenant tout de suite.
En somme, cet album est une invitation, aujourd’hui c’est dimanche, c’est le jour du seigneur (© les VRP qui sous des airs franchouillards défendaient un état d’esprit approchant) et Dark Dark Dark donne en offrande un disque qu’on n’est pas prêt d’oublier. Dans le détail et sans fioriture, l’histoire de ces 10 titres pourrait être contée comme suit.
Accueillie les bras ouverts par Nona Marie Invie, sa famille ose quelques incantations (ahoum) troublantes mais l’esprit se veut léger et souriant. In Your Dreams c’est un peu comme du bon Bowerbirds, l’amabilité en plus. Tout le monde est ravi d’être là, la cousine Nona se dévoue donc pour s’installer au piano le temps d’un magnifique et intime Daydreaming : première démonstration, premiers émois.
Heureusement, cousin Marshall armé de son banjo veut montrer à tous que c’est lui le chef de la bande, et nous balance un Heavy Heart troublant comme pas un, tout le monde entonne à nouveau quelques chœurs, un violoncelle vient frimer, mais quelle famille !
Marshall LaCount (hélas ?) est d’une générosité sans pareil puisqu’il s’efface sur cet album déroulant par la même occasion un véritable tapis rouge aux pieds de Nona Marie Invie. Oui, on se surprend à valser au cours de Celebrate, on s’agenouille devant l’intemporelle Nobody Knows et quand Something For Myself résonne, on se dit que Fiona Apple n’était finalement qu’une fille de la ville et qu’on avait encore besoin de voir du pays. La voix de Nona Marie prend vraiment une dimension omniprésente, attachante allant même jusqu’à grandir la formation. On recroise Marshall le temps d’un Right Path, histoire de donner un peu de répit émotionnel à l’assistance mais Robert et Wild Go finissent de nous achever avec ce piano tireur de larmes.
Ce n’était pas exactement ça que j’étais venu chercher chez Dark Dark Dark, je m’attendais à un peu plus de gaieté, d’entrain, j’avais espéré retrouver plus souvent un Marshall espiègle. Et pourtant, toute la générosité, la magie, la sincérité de cette formation me font tomber à nouveau dans une nostalgie inimaginable. C’est un peu comme si la bande à Beirut avait enterré Zach Condon et se réunissait histoire de lui rendre un dernier hommage. C’est un peu comme si Dark Dark Dark chantait pour nous, famille d’un jour, en nous montrant qu’il peut y avoir beaucoup d’attachement malgré un monde plus trop enclin aux bons sentiments.
J’en pleurerais tellement c’est beau, tellement c’est simple, et pourtant orchestré tout en beauté par de véritables artisans. Un groupe qui n’invente rien et pourtant hors du commun tant il nous ramène à des valeurs élémentaires. La grande classe.
2012, je ne t’ai jamais aimée, 2012 tu mérites des pierres dans ta petite gueule, 2012 ravi que tu fasses parti du passé ... et à jamais.
On savait que le quintette de Minneapolis avait prévu un nouveau passage en Europe et notamment en France un peu avant l’été. On sait maintenant que ce retour accompagne la sortie d’un EP qui s’intitule What I Needed. C’est également le nom de ce nouveau morceau, en forme de ballade ternaire d’une beauté simple et délicate : Il semble qu’après Who (...)
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