The Blood Of Heroes - Remain

À peine avons-nous eu le temps de nous perdre dans l’univers aux multiples dimensions de l’éponyme de The Blood Of Heroes qu’Ohm Resistance nous gratifie de Remain, un album de remixes de quelques-uns des morceaux présents sur son prédécesseur. On pouvait craindre le pire, il n’en est rien.

1. Descend Destroy (Joel Hamilton + Submerged Remix)
2. Remain (End.user Remix)
3. Chains (Dälek Remix)
4. Remain (Justin K. Broadrick Remix)
5. Salute To The Jugger ((Bill Laswell Original Mix)
6. Wounds Against Wounds (Kuma Remix)
7. Remain (The Blood Of Heroes Rehearsal Version)
8. Transcendent (Gator Bait Ten Remix)
9. Wounds Against Wounds (Gunshae’s Sunset Over English Bay Remix)

date de sortie : 30-11-2010 Label : Ohm Resistance

Il faut bien le dire, un album de remixes n’offre bien souvent qu’un intérêt des plus limités. A quoi bon une relecture de morceaux qui sont de toute façon plus intéressants dans leurs versions originales puisque ce sont celles qui ont été choisies par l’artiste pour figurer sur son album ? Dans certains cas, ils peuvent toutefois s’avérer tout aussi intéressants que les versions qui constituent leur matériel de base et apporter quelque chose de neuf à l’album qui les a vus naître. C’est le cas avec Love And Hate In Dub de Godflesh, pendant idéal aux Songs qui portent le même titre amputées du In Dub ou encore avec Ellipsis, le frère jumeau dEvanescence de Scorn. D’ailleurs, il ne s’agit pas vraiment d’exemples pris au hasard puisque l’objet de cette chronique est une collection de titres remixés sortis à l’origine sur le même label que le dernier Scorn et sur lesquels apparaît la guitare d’un ex-Godflesh.

Petit rappel des faits à l’usage de ceux qui auraient raté un épisode important de l’année passée : début 2010, Justin K. Broadrick (Godflesh, Jesu, etc.) jouait les funambules en s’associant à quelques stars de l’underground (Bill Laswell, Dr. Israel, end.user, Submerged, ...) pour nous offrir The Blood Of Heroes, un ovni mêlant drone, ambient, indus et drum’n’bass. L’exercice était casse-gueule car on sait bien que certains artistes ont la fâcheuse tendance, dans ce genre de situation, à tirer la couverture à eux. Pourtant, ce premier album en a surpris plus d’un, chacun des artistes impliqués dans le projet ayant su apporter le meilleur de lui-même sans altérer la cohérence de l’ensemble. Fin 2010, Ohm Resistance présente Remain, un album de remixes des morceaux du groupe par les membres du groupe eux-mêmes, un exercice étrange et, pour tout dire, lui aussi franchement effrayant sur le papier. D’abord, il ne s’agit plus du travail d’un collectif mais de ses membres pris séparément, on craignait donc pour la belle cohérence sus-mentionnée. D’autant plus qu’on note également la participation de quelques invités supplémentaires comme Dälek ou Kuma. En sus, il s’agit parfois de remixes du même morceau, ainsi Wounds Against Wounds apparaît deux fois sur la tracklist et Remain, qui donne son titre à l’album donc, trois fois. Et là, l’opus ne comptant que neuf titres, ce sont aussi les doigts gris de l’ennui que l’on redoute. Bref, avant même de débuter l’écoute, le moins que l’on puisse dire c’est que tout cela est bien mal engagé. Mais c’est mal connaître la pugnacité de Submerged et de ses sbires et c’est surtout mal connaître leur très grande créativité.

Commençons par l’examen de Remain : en plus de sa Rehearsal Version, il est revisité respectivement par End.user et Justin K. Broadrick. Et l’écoute de ces trois versions suffit à balayer les doutes : tout y est différent et dans le même temps, tout y est identique. End.user s’attache à la mélodie et pousse les nappes en avant, même si elles subissent quelques attaques rythmiques bien senties, pour un résultat proche d’un Aphex Twin civilisé alors que, sans surprise, Justin K. Broadrick met le paquet sur les guitares et trafique également la voix (c’est d’ailleurs la sienne que l’on entend tout au long du morceau). Sans surprise mais loin, très loin, d’être sans intérêt tant le résultat est magnifique, comme du Jesu électronique possédé par les fulgurances de Godflesh. Wounds Against Wounds gagne quant à lui les faveurs respectives de Kuma et de Gunshae et lorsque le premier le transforme en ragga indien entrecoupé d’épisodes incisifs où l’on retrouve les guitares de sa version originale et dévastatrice, Gunshae délocalise le morceau sur les hauteurs de l’Himalaya dans un temple tibétain et en fait ressortir toute son insoupçonnée spiritualité sur plus de 7 minutes franchement addictives. Gator Bait Ten (projet qui lie Kurt Gluck à Ted Parsons) livre une relecture inquiète et contemplative du magnifique Transcendent, Dälek s’éclate et fait du Dälek avec Chains dont on reconnaît de très loin l’ossature principale tant les effets glauques dont il pare le morceau sont implacables alors que Submerged et Joël Hamilton tripatouillent Descend Destroy et en proposent une très belle version dubstep qui ouvre idéalement le disque. Quand à Bill Laswell, il s’agit en fait du mixage original de Salute To The Jugger réalisé par ses soins et cela permet de mesurer tout l’apport de Joel Hamilton qui a clairement insufflé élan, ampleur et vitalité au projet initial comme nous le confiait Kurt Gluck au cours de l’entretien qu’il nous avait accordé cet été.

Dès lors, à bien des niveaux, Remain apparaît comme une suite idéale, le pendant logique sous forme d’espace de liberté totale confié aux artistes. Chacun a laissé libre cours à son imagination sans jamais dénaturer l’univers sonore fantasmatique qui fait toute l’originalité de The Blood of Heroes.
Ainsi, l’album existe pour lui-même et peut être apprécié hors de l’ombre tutélaire de son éponyme de grand frère. Tout comme lui, il officie dans le grand mélange des genres et offre près d’une heure d’une musique extrêmement variée, très souvent originale et souvent superbe. Une preuve supplémentaire de tout l’intérêt du projet initial.

Concernant The Blood Of Heroes, il n’est décidément bien question que de talent.

Chroniques - 31.01.2011 par leoluce, nono
 


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