Le streaming du jour #218 : Plaster - ’Platforms’ & ’Zyprex 500’
Auteurs en mars dernier du beau mini-album Zyprex où les beats post-industriels concassés tout en tension cinématique et les nappes électroniques insidieuses du duo culminaient dans leurs dialogues avec le saxo ambient-jazz nettement plus mélodique d’Ivo Papadopolus, Plaster revient ces jours-ci avec Platforms, son deuxième opus cette année sur le label ukrainien Kvitnu.
L’occasion de se pencher d’un peu plus près sur l’univers de Gianclaudio Hashem Moniri et Giuseppe Carlini, qui revêt cette fois une forme plus abstraite au diapason de la géométrie des titres et de la pochette conçue comme à l’accoutumée chez Kvitnu par la grande Kateryna Zavoloka. Une influence sans doute exacerbée depuis la relocalisation du duo romain à Berlin et sa proximité notamment scénique avec les grands rénovateurs du label Raster-Noton, Alva Noto et Ryoji Ikeda en tête.
Si sur Zyprex le saxophone représentait la mélancolie de l’homo modernus et ses derniers sursauts de liberté face une mécanisation des sentiments menaçant de prendre possession de sa psyché par réseaux sociaux interposés, Platforms apparaît d’abord malaisant et désincarné, ne laissant poindre un soupçon d’émotion que le temps d’une Intersection plus rêveuse semblant suggérer que l’humain n’est plus qu’une entité phagocytée par le cyberespace, traînant son spleen privé de chair dans un désert de 1 et de 0.
Car ailleurs sur l’album c’est une répétitivité froide et saturée qui domine, élevant sur une assise de pulsations sombres et profondes un gigantesque jeu d’ascenseurs dark-ambient, plate-formes mouvantes dont la densité oppressante n’a d’égale que son insoutenable tension parcourue d’ondes sismiques, de réminiscences de voix humaines digitalement modifiées et autres infrasons stridents dont la spatialisation désoriente autant qu’elle inquiète. De là à dire que l’on tient enfin le chaînon manquant entre Access To Arasaka et Monolake il n’y a qu’un pas, amplement franchi par ce chef-d’œuvre d’IDM post-apocalyptique aux évocations machiniques particulièrement flippantes que l’on ne saurait trop vous conseiller d’écouter seul, au casque et dans le noir.
Zyprex 500 en écoute.
Plateforms en écoute.
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