Petite pause en compagnie de For A Minor Reflection

Cela fait bien deux ans que nous suivons For A Minor Reflection, groupe islandais prometteur parmi tant d’autres et il était grand temps pour nous de partir à leur rencontre. Actuellement en tournée en France (voir en bas de page), l’occasion était trop belle pour ne pas la saisir.

For A Minor Reflection, labellisé "post-rock" dès leur premier album ont fait preuve de beaucoup de maturité par la suite, et ce malgré leur jeune âge, en testant l’apport de nouveaux ingrédients à leurs recettes initiales pour ne pas se laisser aller à la facilité des plats réchauffés.
Sans pour autant nous dévoiler leur secret, Kjartan a accepté de répondre à nos questions.


IRM : Bonjour. Tout d’abord, pouvez-vous présenter le groupe à nos lecteurs français ?

Kjartan : Salut ! Je suis Kjartan de For A Minor Reflection. Le groupe est composé de quatre gars de 23 ans, tous originaires de Reykjavík, en Islande.
Nos noms sont Kjartan Holm (guitare et piano), Guðfinnur Sveinsson (piano et guitare), Elvar Jón Guðmundsson (basse) et Andri Freyr Þorgeirsson (batterie).

Quand avez-vous commencé à faire de la musique ? Depuis votre premier album, Reistu Þig Við, Sólin Er Komin Á Loft..., vous êtes considérés comme une formation de post-rock et comparés à Mogwai ou Explosions In The Sky, quels sont les groupes qui vous ont donné envie de jouer votre propre musique ?

Je pense que nous avons commencé la musique lorsque nous avions environ 13 ou 14 ans. Nous avons formé For A Minor Reflection à 17 ans.
Les groupes qui nous ont inspirés au début sont très divers. Nous venons tous d’univers musicaux différents, mais les groupes qui me viennent à l’esprit sont par exemple Converge, Sigur Rós, Fugazi, Blink-182, Radiohead. Ce genre de groupes…

Votre musique est à la fois dépressive et pleine d’espoir, et dans tous les cas intense. D’où vient votre inspiration ? Que cherchez-vous à exprimer à travers votre musique ?

Nous aimons la musique forte. Nous sommes dans notre élément quand le volume est à 11 et que tout devient dingue. Mais après ça, c’est tellement agréable de revenir à des parties plus douces pour nous relaxer et protéger nos oreilles quelques minutes.
Bien sûr, il y a des sentiments autours des chansons. Chacune d’entre elles naît d’un sentiment, d’une sensation, mais je ne sais pas si nous avons une inspiration particulière. Ça vient naturellement… quand vous êtes triste, ou quand vous êtes heureux. Nous faisons comme tout le monde : prendre nos sentiments pour les changer en musique.

Reistu Þig Við, Sólin Er Komin Á Loft ... illustre ces contrastes, avec des moments calmes et mélancoliques auxquels succèdent des parties puissantes et plus noisy. Si votre 2e album, Höldum Í Átt Að Óreiðu, poursuit dans cette voie, nous sentons un travail plus important, peut-être expliqué par l’apparition du piano. Comment procédez-vous pour composer votre musique ? Chaque membre a-t-il un rôle bien défini au départ ?

Höldum Í Átt Að Óreiðu est définitivement un cran au-dessus de notre 1er album, je pense. Peut-être du fait d’instruments et de chansons plus variés qu’à nos débuts. Guffi est avant tout pianiste et ensuite guitariste – mais nous n’avions jamais eu de piano jusqu’à une certaine tournée, juste avant d’enregistrer Höldum Í Átt Að Óreiðu. C’est là que nous avons été en mesure d’introduire des parties de piano dans notre musique et de la rendre plus variée. Et comme Elvar joue très bien du saxophone, nous en avons utilisé aussi. Mais il fait un boulot d’enfer à la basse maintenant.
J’écris habituellement la plupart des parties et ensuite chacun apporte quelque chose pour faire évoluer la chanson. En live, nous avons tendance à beaucoup improviser également – ce qui est fun.

Höldum Í Átt Að Óreiðu est en effet plus varié, avec une dimension « pop », aviez-vous l’ambition de transgresser les codes traditionnels du post-rock ?

Peut-être que nous avons essayé de faire ça, non-intentionnellement. Je suis assez fatigué d’entendre les mêmes morceaux post-rock encore et encore. Je sais que notre premier album était comme cela, mais nous étions jeunes et voulions faire de la musique "comme les grands".
A cet instant, je ne peux pas dire si nous allons poursuivre dans une voie post-rock ou non, mais nous essaierons toujours de mettre un pied dans une direction nouvelle.


Vous êtes actuellement en tournée en Europe, et l’année dernière, vous êtes allés en Amérique du Nord et en Chine, est-ce difficile pour les artistes islandais de se faire connaître en dehors de leurs frontières ? Est-ce que la popularité mondiale de Sigur Rós ou de Björk vous aide, ou, au contraire, est un fardeau ?

Je pense que Sigur Rós ou Björk aident chaque groupe islandais à attirer l’attention des étrangers. Définitivement. Ça nous aide énormément ! Le monde est tellement grand, et il y a tellement de groupes, tout le monde essaie de se faire connaître – c’est tellement sympa d’avoir un peu d’aide.

Nous avons entendu dire que les membres de Sigur Rós étaient admiratifs de votre musique. Vous avez été leur 1ère partie durant leur tournée en 2008, sont-ils une sorte de figure paternelle pour vous, professionnellement parlant ?

Ils sont de chouettes types. Et ça nous a ouvert beaucoup de portes de jouer pour eux lors de leur tournée. Figure paternelle… je ne sais pas. C’est un super groupe, c’est certain.

Vous passez par la France ce mois-ci, connaissez-vous quelques artistes français ? Si oui, en aimez-vous certains ?

J’aime beaucoup d’artistes français. Serge Gainsbourg est de loin mon préféré. Gong est chouette, tout le monde connaît Air, mais je n’aime pas. Daft Punk est épatant, tout comme Gojira. Phoenix est pas mal, Noir Désir est vraiment bon. Et bien sûr, Anthony Gonzalez (M83) est franco-espagnol, il est sympa.

C’est assez difficile en France de trouver de la musique « différente », toutes les chaînes populaires de télévision ou de radio diffusent les mêmes artistes à longueur de temps, alors que cela paraît plus facile en Islande – 90% des groupes islandais que je connais sont vraiment bons – avez-vous conscience de la chance que vous avez ?

Bien sûr ! Selon moi, la plupart des Islandais ont de bons goûts musicaux. Évidemment, certaines personnes ne sont pas d’accord avec moi, mais la scène musicale en Islande est très diverse. Il y a beaucoup de personnes qui jouent dans quatre ou cinq groupes différents en même temps !

Votre dernier EP, sorti l’an passé, a été produit par les donations de fans via Pledge Music. Que pensez-vous du système du « crowdfunding », ce nouveau moyen permettant aux fans de supporter les artistes qu’ils aiment ?

Je pense que c’est brillant ! Si un jour j’ai la chance de pouvoir faire de même avec un groupe que j’aime, je serai complètement partant !


Un grand merci à Kjartan pour sa disponibilité, et à GoJijibe pour sa participation aux questions.
De plus, nous vous rappelons qu’il est encore possible d’assister aux concerts du groupe puisqu’il se produira le 13/04 à Chessy (La Grange du Château de Chessy) et le 14/04 à Paris (Point Éphémère) dans le cadre du festival Air d’Islande.


Interviews - 12.04.2012 par spydermonkey


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