L’esprit de Talk Talk plus vivace que jamais

Projet initié de longue date par James Marsh, illustrateur attitré du groupe, en compagnie d’un certain Toby Benjamin, le livre/disque Spirit Of Talk Talk élaboré dans le plus grand secret autour des contributions de près d’une centaine d’artistes, journalistes et patrons de label pour rendre hommage à l’œuvre de la formation culte de Mark Hollis et Tim Friese-Greene pourrait enfin voir le jour le 28 mai, du côté du label Fierce Panda (certaines sources parlant néanmoins d’une sortie repoussée à l’automne). Une info qu’EMI n’a d’ailleurs pas laissée passer, rééditant ces jours-ci l’indépassable Spirit Of Eden et le plus mésestimé The Colour Of Spring (1986), album de la transition qui vit Talk Talk délaisser progressivement la synth-pop romantique de ses débuts pour davantage d’espace et de liberté.

Mais revenons à notre tribute, qui comptera pas moins de 30 reprises (plus 4 en téléchargement bonus) pour fêter dignement les 30 ans de la création du groupe anglais, précurseur du post-rock avec son fameux diptyque Spirit Of Eden (88) / Laughing Stock (91). Car la liste des contributeurs est des plus alléchantes, ayant notamment été confirmées les présences de Jason Lytle (Grandaddy, dont on se rappelle la chanson Laughing Stock sur Under The Western Freeway ), Nils Frahm et Peter Broderick épaulés par le violoniste et arrangeur Davide Rossi (Goldfrapp, Röyksopp) sur It’s Getting Late In The Evening (fabuleuse face-B de Life’s What You Make It marquant un virage essentiel vers l’impressionnisme post-classique et le jazz d’avant-garde dès 1985), Chris Walla de Death Cab For Cutie qui reprendra John Cope (rareté de l’époque Spirit Of Eden présente sur cette compilation), Do Make Say Think aux prises avec une version de 12 minutes du visionnaire New Grass - éditée des deux tiers pour les besoins du disque mais que les Canadiens mettront ensuite à disposition dans son intégralité - en compagnie de Kevin Drew (Boken Social Scene) et Patrick Wilson (Weezer), Zero 7 pour le seul titre issu de l’éponyme plus minimaliste mais tout aussi mythique de Mark Hollis (on croise les doigts pour The Daily Planet ?), King Creosote qui aurait opté pour Give It Up, The Electric Soft Parade à l’oeuvre quant à eux sur Candy, le trop méconnu mais parfait héritier Thomas Feiner pour une collaboration avec Fyfe Dangerfield des Guillemots, Lia Ices (vraisemblablement avec Time It’s Time), The Clientele (pour Have You Heard The News), la chanteuse canadienne Lights assistée de Ian Curnow (collaborateur de Talk Talk à leurs débuts) et Darkstars sur Living In Another World, Joan As Policewoman, White Lies, The Lovetones, Crispin Hunt (Long Pigs), White Belt Yellow Tag, Goldheart Assembly... ou encore Turin Brakes dont le chanteur et guitariste Oliver Knights ne cache ni sa fierté, ni son impatience : "Ce livre donnera à tout fan de Talk Talk un fascinant aperçu de jusqu’où leur influence sur les artistes actuels a pu aller." Enfin, Stars Of The Lid, annoncés en premier lieu mais jamais véritablement confirmés, pourraient bien clore le tracklisting sur une touche éthérée.


Quant à Alan Wilder (Recoil, Depeche Mode), producteur exécutif de l’album, il a chapeauté une reprise du sublime I Believe In You (gageure s’il en est) signée par son compère du label Mute Paul Kendall avec la complicité de Richard Reed Parry (Arcade Fire), et en a lui-même livré deux autres avec Dean Garcia (de feu Curve) à la basse/guitare, et au chant le poète dub Linton Kwesi Johnson sur Inheritance (évident quand on y pense) et Shara Worden aka My Brightest Diamond sur Dum Dum Girl (où l’on entendrait également Paul Marshall aka Lone Wolf, lequel réinterprétera par ailleurs le fervent Wealth... tout le monde suit ?). "Je pense que nous en sommes arrivés à une impressionnante collection de reprises venues du fond du coeur avec une affection et un respect véritables pour l’héritage de Talk Talk", confie Alan. "L’un de mes critères en écoutant toutes ces reprises était d’essayer de me mettre dans la tête de Mark Hollis et d’imaginer s’il aurait aimé ce qu’il venait d’entendre. Je n’ai bien sûr aucune idée de si ce sera le cas ou non, mais pour moi c’est un hommage approprié à un groupe massivement sous-estimé, fait avec un minimum de compromis sur le potentiel commercial." Et d’ajouter : "Nous voulions éviter de simplement régurgiter un méli-mélo de styles divers sans prendre en compte cette continuité dont chaque album devrait idéalement bénéficier", ce qui est tout de même plutôt bon signe.


Sans transition, penchons-nous donc sur la partie papier qui comprendra, outre les paroles manuscrites des chansons du groupe et l’artwork de James Marsh (un aperçu ici) également sollicité pour une interview, environ 80 contributions écrites d’artistes influencés de près ou de loin par le groupe, parmi lesquels Alan Wilder bien sûr ainsi que quelques autres déjà cités plus haut, mais aussi les incontournables légataires Jonathan Meiburg (Shearwater) et Graham Sutton (leader de Bark Psychosis qui avaient accueilli la batteur Lee Harris sur leur album ///Codename : Dustsucker en 2004), Sean Carey de Bon Iver (lui aussi on s’en serait douté), Richard Wright (Pink Floyd), Guy Garvey (frontman d’Elbow dont la rumeur de reprise demeure en suspens), James Lavelle qui avait invité Hollis à jouer du piano sur le titre Chaos du génial Psyence Fiction d’UNKLE en 98, Jimi Goodwin (Doves), Graham Coxon (Blur), Paul Hartnoll (Orbital), Karl Hyde (Underworld), Ian Ball (Gomez), Matt Johnson (The The), Rolf Klausener (The Acorn), Tom Fleming (Wild Beasts), Nick McCabe (The Verve, The Black Ships), Richard Barbieri (Japan, Porcupine Tree), Mark Radcliffe et David "Kid" Jensen de la BBC, Neil Mason (chroniqueur pour Melody Maker et NME), les romanciers Luke Rhinehart et John Connolly, Steve Beckett (fondateur de Warp Records) et bien d’autres encore.

(entre nous, il manque tout de même Robert Del Naja, Brian McMahan, Beth Gibbons et l’évaporée Stina Nordenstam, mais on va pas pinailler, non plus...)

Enfin, le tout sera complété par un essai du critique Chris Roberts, des photos de sessions encore inédites de Richard Haughton et des interviews de quelques musiciens, techniciens et représentants de labels associés au groupe à un moment ou à un autre de sa fulgurante et non moins versatile carrière, tels que les guitariste John Turnbull et David Rhodes, le joueur d’harmonica Mark Feltham, les percussionnistes Martin Ditcham et Phil Reis, Denis Blackham qui avait remastérisé avec Phil Brown la plupart des albums du groupe en 1997, Nigel Reeve d’EMI ou encore Dennis Weinreich, ingénieur sur The Colour Of Spring.

A noter enfin que chaque copie de l’objet sera signée par James Marsh en personne et présentera en guise de remerciements une liste des fans ayant participé à le financer (pour 40£ soit un peu moins de 50 euros au cours actuel). Pour être mis au courant avant tout le monde de l’ouverture des précommandes et témoigner au passage de votre intérêt pour le projet, il ne vous reste donc plus qu’à vous inscrire ici.

News - 21.04.2012 par RabbitInYourHeadlights