Top albums - novembre 2012
Une dernière sélection mensuelle pour la route, en pleine overdose de best of 2012 capillotractés aux allures de copié/collé. Avec un retard savamment dosé histoire de rappeler aux forçats des repas de Noël qu’en musique aussi le mot-clé est "digestion", et qu’un bilan de l’année en décembre c’est comme une thalasso dans les brisants par moins 10 degrés, ça sert à rien si ce n’est à se faire mousser.
1. Borko - Born To Be Free
Sur la pochette, Borko présente une barbe fournie à un point tel qu’un Mark Oliver Everett au top de sa forme - dans le domaine - ne la renierait pas. Pourtant, il convient de se détacher de l’impression première laissée par l’aspect graphique de l’objet, Born To Be Free n’est pas un album sombre.
Après nous avoir charmé il y a quatre ans avec Celebrating Life, son premier essai en solo, l’Islandais place la barre encore plus haut en termes d’ambition. Cette entreprise périlleuse lui sied à merveille, les orchestrations pleines de maîtrise venant appuyer des compositions audacieuses et inspirées. On ne compte plus les sommets sur cet album dont la pop sophistiquée fait des va-et-vient incessants entre des passages mélancoliques et d’autres plus colorés.
Quelques écoutes répétées de l’album devraient nous suffire pour envier les écoliers islandais qui peuvent se délecter des leçons pratiques de musique dispensées par celui qui enseigne toujours l’art qu’il maîtrise le mieux, à n’en pas douter.
(Elnorton)
2. Talvihorros - And It Was So
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Talvihorros la valeur sûre, solidement hissé au sommet de la montagne des soundscapers. Ben Chatwin marque enfin plus officiellement son arrivée dans les rangs de Denovali avec un quatrième album solo, après une année bien remplie qui n’aura fait que consolider son statut de mur porteur aux côtés de Damian Valles chez Textura et de l’Anglais Daniel W J Mackenzie (Ekca Liena) avec l’excellent split Swarm With Swarms chez TQA, structure de l’excellent Thisquietarmy.
And It Was So était au départ un projet devant s’étaler sur 7 jours, mais a finalement pris de l’ampleur pour ainsi se réconcilier avec des compositions plus riches. Les 7 jours se sont transformés en une année et des poussières à l’issue de laquelle l’anglais nous empoigne à grand coup de Let There Be Light ! à la lente ascension abrasive et aux arrangements dont lui seul semble détenir le secret. Impossible de passer à côté du somptueux The Two Great Lights au charme cotonneux et au suspense latent, dont le final bien plus anxiogène et noisy ne manquera pas d’en remuer plus d’un.
Un quatrième album plus que réussi, qui vient donc se glisser avec aisance en seconde position. 3 pistes sur 7 sont disponibles sur le Bancamp de Ben Chatwin.
(Have Faith)
3. Motorama - Calendar
Il est assez rare de parler de groupes d’indie russes et d’autant plus de les voir classés dans un top mensuel du FIR, mais celui-ci on en avait déjà parlé et comme il a confirmé tout le bien qu’on en pensait, sa place est tout bonnement appropriée en ce début d’hiver. Motorama a l’allure ténébreuse et la fougue insouciante de The National à l’époque d’ Alligator. Il faut le dire, ce groupe s’inspire de la plus belle des manières de ce qui peut se faire de mieux aujourd’hui de l’autre côté de l’Atlantique (ou hier de l’autre côté de la Manche) oubliant même ses origines caucasiennes. On retrouve notamment sur ce deuxième album les envolées radieuses et mélancoliques dont Real Estate a le secret, prolongeant ainsi quelque peu l’été indien pour notre plus grand plaisir. Le groupe a ce don inné de la mélodie en mode clair-obscur que peu d’autres ont, et ces gens de Rostov-Sur-le-Don ne devraient plus rester très longtemps le secret le mieux gardé de la Russie.
(darko)
4. Benjamin Biolay - Vengeance
Plus qu’une Vengeance, c’est une revanche sur la vie et sur la critique que semble prendre le Villefranchois depuis La Superbe. Biolay se fait plus que jamais plaisir, ça se sent au chant décomplexé de Profite dont les contrastes entre arrangements crève-cœur et mélodies pleine d’espoir comptent parmi les plus belles réussites de cet album au même titre que le trip-hop dark et capiteux du morceau-titre, un Trésor Trésor dont le refrain misanthrope et la mélodie troublante lorgnant sur une americana versatile, tantôt bucolique ou rugueuse, ne sont pas sans rappeler Home ou Négatif, ou encore le désarmant La Fin de la Fin, réminiscent des atmosphères délicieusement surannés de Rose Kennedy mais mâtiné cette fois de références à Bacharach et d’une dimension presque soul aux basses Motown. Ailleurs enfin, les orchestrations de cuivre enjouées ne trompent pas... les idées noires ont perdu du terrain, sans doute l’une des raisons principales d’un succès tardif auprès des médias mainstream que Biolay tourne en dérision à demi-mot sur le final Confettis.
A demi-mot, et c’est bien là que le bât blesse. Car ce succès-là, Biolay lui a quand même bien couru après avec La Superbe et ses singles hâbleurs, et ça continue avec ce nouvel opus au carnet d’adresses parfois douteux, surtout lorsque le Français s’autoparodie en mode gothique bling-bling plein d’effets éculés (Sous le Lac Gelé, définitivement loin des brûlots morbides du singulier A l’Origine ), ou caresse le grand public dans le sens du poil en laissant à libre cours à son goût pour la new wave avec plus ou moins de réussite (respectivement Marlène Déconne, et L’Insigne Honneur aux faux airs de générique TV des années 80) voire le hip-hop (Belle Époque, hédoniste jusqu’au bout du mic d’autant qu’Oxmo Puccino en rajoute dans le rap bisounours) avec malheureusement davantage d’emphase que sur le parfait Trash Yéyé.
Un paradoxe incarné tout entier par Ne Regrette Rien, dont la progression sombre et intense se retrouve vite plombée par un refrain imbuvable et le flow bas du front d’Orelsan, et qui explique notre difficulté à adhérer pleinement ce coup-ci au plébiscite des votants.
(Rabbit)
5. Le Réveil des Tropiques - s/t
On vous en a déjà beaucoup parlé sur le Mag (ici et là), et c’est donc tout naturellement que l’éponyme du Réveil des Tropiques se retrouve dans le top de novembre.
Ce double album dantesque est un écrin hallucinatoire aux divagations improvisées de cinq musiciens aguerris pour qui le psychédélisme n’est pas une posture de mode. L’exercice est périlleux mais ne vire jamais à la démonstration ostentatoire.
Entre Noise, Krautrock et Post-Rock, il est difficile de définir leur musique qui semble suivre son propre dispositif. La lourdeur des basses côtoient des guitares en fusion, agrémentées parfois d’un synthétiseur, un saxophone ou encore un thérémine. Sauvage et tribale, la musique du Réveil des Tropiques est addictive au plus haut point, elle ne se dompte pas mais se ressent.
(John Trent)
- Captain Murphy - Duality
6. Captain Murphy - Duality
A l’écoute des beats syncopés, des basses jazzy et autres synthés hallucinés de Flying Lotus, combien d’amateurs de hip-hop ont-ils pensé : "manque un bon flow" ? Un bémol balayé à l’époque d’un revers de la main par les fans que nous sommes, les instrus du Californien s’étant toujours suffis à eux-mêmes au point de fortement contribuer à forger l’esthétique de la fameuse beat scene de Los Angeles, ouvrant de nouveaux horizons à l’abstract et au glitch.
Et pourtant, au fond, FlyLo aux manettes d’un album hip-hop, on l’espérait comme tout un chacun... tant et si bien qu’à l’arrivée des premiers singles de Captain Murphy, c’est sans équivoque que nous souscrivîmes aux premières rumeurs d’une collaboration déguisée entre Steven Ellison et le gamin Tyler The Creator au vocoder. C’était sans compter sur l’excellent Jeremiah Jae, poulain du beatmaker au sein de son label Brainfeeder et qui fait en réalité le gros du boulot au micro de ce premier album, au côté d’Earl Sweatshirt ou encore du méconnu Azizi Gibson, révélé en début d’année par un certain PHUCK DLX qui l’avait amené à croiser le fer avec l’auteur de Raw Money Raps.
Mais trêve de digression, si le mystère a fait long feu la claque, elle, n’a pas manqué sa cible, pile au milieu de notre cortex et s’il faut écouter Duality pour ses atmosphères de bad trip dystopique, ses samples ciné de cauchemars SF déglingués, ses flows narcotiques et ses beats psyché phagocytant tout ce qui passe à portée (de l’éthio-jazz à la blaxploitation en passant le tropicalisme, la bossa ou le jazz enfumé des 60’s), il faut surtout l’écouter pour s’y perdre, à l’image du gracieux Until The Quiet Comes auquel certaines productions de l’album font écho - citons notamment la seconde partie de Between Friends qui semble prolonger le groove futuriste et mutant du parfait Putty Boy Strut.
(Rabbit)
7. Cliff Dweller - Emerald City
La musique de Cliff Dweller, emmenée avec panache par Ari Balouzian et ses musiciens, se montre particulièrement abrupte lorsqu’il s’agit de faire parler d’elle, tant il est au contraire facile de s’y perdre, de se laisser submerger... Cet Emerald City , sans déroger à la règle, semble expirer son mélange de post-classique aux cordes usées, d’électro downtempo groovy et de jazz cinématique, au sortir du pavillon d’un gramophone et confère son grandiose à une Amérique revisitée, habitée, traversée d’une caravane qui n’a d’étrange que ces incessants flottements entre histoire palpable et imaginaire nostalgique. Pas bien facile de parler de Cliff Dweller certes, mais il est tout de même suffisamment aisé de se rendre compte à quel point ce dernier album rehausse d’un cran la discographie, déjà forte intéressante, du groupe des excellents Revolutions of the Indigenous (2010) et Hallucinations (2011).
(Riton)
Comme de coutume, pas de bilan pour décembre bien qu’on puisse y compter plus d’un prétendant tardif aux podiums des rédacteurs d’IRM, mais notre référendum de fin d’année est ouvert sur le FIR jusqu’au 10 janvier, et accessible au vote des membres inscrits comptant au moins 50 messages à leur actif.
Benjamin Biolay sur IRM - Site Officiel
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Talvihorros (Ben Chatwin) sur IRM - Bandcamp - Myspace - Site Officiel
Cliff Dweller sur IRM - Site Officiel - Bandcamp
Réveil Des Tropiques (Le) sur IRM
Motorama sur IRM - Site Officiel
Captain Murphy sur IRM
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- Sulfure Session #2 : The Eye of Time (France) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Aidan Baker + The Eye of Time (concert IRM / Dcalc - intro du Sulfure Festival) - Le Vent Se Lève (Paris)
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- IRM Expr6ss #9 - spécial Musique Moléculaire : Bruno Bernard, Jon Patch, Thierry Arnal, Tom Furgas, Skutiger & Man in the shadow, Pete Swinton
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- Juin/juillet/août 2024 - les albums de la rédaction
- Roel Funcken - Kamine
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