Très attendu, ce nouvel opus de Broadcast livré en pâture via NPR à une semaine de sa sortie était aussi celui de toutes les interrogations : qu’allait-il rester du groupe sans la regrettée Trish Keenan ? Cette BO connotée giallo d’un film hommage au genre allait-elle résister à une écoute sans images ? L’un des derniers bastions de l’excellence fanée du label Warp - avec Autechre et Leila - était-il voué lui aussi à rejoindre les catacombes où gisent déjà Squarepusher, Bibio ou Gang Gang Dance ?

Autant de questions qui s’évaporent dès la première écoute de ce Berberian Sound Studio s’inscrivant ouvertement dans la continuité fantasmatique et occulte de l’étrange Investigate Witch Cults Of The Radio Age, avec ses courtes pistes imbriquées aux atmosphères versatiles. Et pour cause, au moment de sa disparition à l’aube de 2011, Trish Keenan travaillait déjà sur ce projet que son compagnon et partenaire James Cargill a jugé bon, ultime hommage, de construire jusqu’au bout autour de cette poignée d’enregistrements d’où émanent les vocalises à la fois troublantes et sereines de l’Anglaise, flottant telles un spectre inconscient de sa condition au gré des mélopées oniriques, des orgues gothiques et autres bruitages horrifiques qui constituent l’essentiel des productions du duo.

Aux confins d’une ambient vintage, des soundtracks de Goblin et Morricone pour Argento et d’une musique concrète sonnant un peu comme le versant dark et psyché des expérimentations radiophoniques de la BBC Workshop, ce cinquième album apparaît comme le plus inclassable de la discographie du groupe. De quoi donner envie aux nostalgiques de la grande époque des thrillers d’épouvante transalpins de tenter l’expérience sur grand écran, le film de Peter Strickland interprété par l’excellent Toby Jones ( La Taupe, Hunger Games ) et semble-t-il bien accueilli en festivals sortant chez nous le 3 avril, bande-annonce à l’appui :