Nous avons déjà eu l’occasion d’évoquer brièvement Segue à l’occasion de la sortie du somptueux The Seed, réalisé il y a trois ans aux côtés du Polonais Pleq. Avant cela, l’artiste avait eu l’occasion d’enregistrer trois disques (et trois EPs) aux succès relatifs entre 2006 et 2010. Avec Pacifica, Jordan Sauer pourrait bien élargir son public.

La coutume veut que les productions invitant au voyage ou au rêve soient désignées comme étant aériennes ou planantes. Sans même s’intéresser au titre de l’album - il ne serait pas étonnant que ce Pacifica soit un clin d’œil à l’océan auprès duquel l’artiste originaire de Vancouver a appris ses gammes - cet aspect n’est pas détectable sur le quatrième album de Jordan Sauer. Si la dimension onirique des neuf morceaux est incontestable, ceux-ci nous donnent l’impression de s’éloigner dans la terre ferme, non pas en se rapprochant de la stratosphère, mais en prenant le large.

A la croisée de la dream-ambient et de la dub-techno, les différentes couches sonores, à base de guitare, piano, arrangements de cordes et même de jouets pour enfants revêtent une dimension aquatique qui donne le sentiment que le rythme des beats est calqué sur les allers et venues des vagues (Westcoast Trail). Sans en avoir l’air, les compositions du Canadien expérimentent diverses voies qui vont de la paisible mélodie ambiante (Sow Dub) jusqu’aux confins du drone et du downtempo ((le décidément bien-nommé Ocean ou Honest & Truly). Cette dernière facette de l’artiste n’est d’ailleurs pas sans rappeler Grey, deuxième opus d’une discographie qu’il bonifie chaque fois auprès d’un label différent.

Si vous n’avez pas le mal de mer, n’hésitez pas à embarquer dans les eaux calmes confectionnées par Jordan Sauer.