Deux ans après l’excellent mais inégal Wolf in Cheap Clothing, Johnny Polygon affine encore son art et nous livre The Nothing au flow et la production léchés ! L’écoute se fait via DJ Booth et préparez-vous, c’est très bon !

Déjà avec Wolf in Cheap Clothing on avait senti le truc venir, un EP inégal entre bouffonneries et réels moments de grâce, là je pense particulièrement à Stupid Li(f)e et surtout à Invincible. Ce morceau présageait du futur de Johnny Polygon. Fini les blagues à 200 km/h, mais place à un nouvel angle d’attaque avec un flow plus posé et appliqué, des productions planantes et travaillées, ce pour notre plus grand plaisir.

Ce changement s’était déjà concrétisé l’année dernière avec la sortie de The Wise, titre le plus smooth jamais sorti par le natif de Tulsa avant The Nothing. Johnny Polygon avait aussi participé au superbe Are You Not ? livré sur la dernière mixtape de Thurz, 517 W Queen Tape, dont nous parlions ici. Un morceau assez classieux aux arrangements délicats, le Johnny Polygon nouveau était en marche !

Cette année, le néo-californien revient avec The Nothing que l’on peut écouter via l’excellent site DJ Booth. 12 pistes aussi douces qu’étranges ! Les productions sont assurées par ACDMY, Daygee Kwia, Mateo, Picnic Tyme et Precision. D’une classe folle, elles donnent cette couleur si sensible, pure et presque spectrale à l’album. Dès Purple Mess, la messe est dite... On aime ou on n’aime pas, mais si on aime, wahou ! Johnny Polygon chante, puis rappe, d’une ballade extatique le morceau se transforme en trip-hop secouant, grosse claque ! Autre moment de grâce, Whoa Is Me et ce qui frappe encore c’est la facilité de Mr. Polygon à chanter en rappant ou bien le contraire, la chose pourra peut-être rebuter les amateurs de hip-hop pur et dur, moi ça me fait rêver ! Autres réussites du même acabit, Landscapes, Brainpowder et Lovesick, instrus aériennes, ambiances oniriques, voix sublime, beats discrets, que dire ? Petit bémol, oui, The Nothing s’essouffle un peu sur la durée et surtout sur la fin ; trois titres en moins et le rendu aurait été parfait. Mais bref, ne boudez pas votre plaisir et découvrez le hip-hop de Johnny Polygon, un hip-hop qui ne fera certainement pas l’unanimité mais qui par sa délicatesse réjouira les oreilles le plus délicates.