Oval + VA - Calidostópia !

Après deux albums essentiels qui l’auront vu remodeler son approche de l’électronique à la façon d’un harpiste schizophrène, malmenant avec une évidence élégamment déglinguée ses cordes synthétiques de concertiste du sofware sur fond de blips cosmiques ou de batterie free jazz, Markus Popp continue d’explorer les possibilités les plus organiques et spontanées du glitch sur cet improbable disque collaboratif offert au libre téléchargement, prêtant quelques-unes de ses plus belles rêveries martiennes et autres abstractions déstructurées aux vocalises suaves et veloutées d’une demi-douzaine d’artistes sud-américains.

1. Featurette (feat. Agustín Albrieu)
2. Blinky (feat. Dandara)
3. Credit Roll (feat. Aiace)
4. Glossy (feat. Maité Gadea)
5. Stealth (feat. Andrés Gualdrón & Dandara)
6. Koral (feat. Hana Kobayashi)
7. Oh ! (feat. Emilia Suto)
8. Alpen (feat. Aiace)
9. Beige (feat. Hana Kobayashi)
10. Bassic Halveplane (feat. Andrés Gualdrón & Dandara)
11. Grrr (feat. Emilia Suto)
12. Habitat (feat. Maité Gadea)
13. Stop Motion II (feat. Dandara)
14. Legendary (feat. Agustín Albrieu)
15. Credit Line (feat. Hana Kobayashi)
16. Savvy Aeropuerto (feat. Andrés Gualdrón)

date de sortie : 25-02-2013 Label : Autoproduction

Au programme, 16 titres basés pour la plupart sur des instrumentaux déjà connus, certains issus du gargantuesque O de 2010 (Glossy, Beige, Koral...) ou du récent OvalDNA (Credit Line, Alpen, Stealth...) aux compositions plus chaotiques et hachées, mais également des EPs Oh (Grrr, Oh !) et Ringtone (Legendary), le tout agrémenté de trois inédits - à savoir Credit Roll, Bassic Halveplane et Habitat. Si certains comme Featurette ou Savvy (Aeropuerto) ont été largement remaniés pour l’occasion avec l’aide respective de l’Argentin Agustín Albrieu (guitare) et du Colombien Andrés Gualdrón (percussions), également bidouilleurs de leur état, ou d’autres comme Blinky ou Stop Motion II à peine étoffés de quelques pincements feutrés et interférences discrètes, la plupart demeurent tout à fait fidèles aux originaux, et tirent principalement leur singularité de ces interactions/frictions avec les mélodies vocales des chanteurs invités.

De cascades aériennes (Featurette, Credit Roll) en saccades torrentielles (Blinky, Glossy), le début d’album nous emporte ainsi au gré de ses courants changeants, nous réservant au passage quelques accalmies plus épurées à l’image de Stealth et de ses pulsations aquatiques bercées par les ensorcelantes vocalises en canon de la Brésilienne Dandara, ou d’un Koral dont les accords minimalistes accompagnent avec pudeur les ritournelles rassurantes de la Vénézuélienne Hana Kobayashi.

Mais au-delà de ces douceurs éthérées plus ou moins évidentes ou alambiquées sonnant parfois comme si Guillermo Scott Herren avait fait de Savath & Savalas et Prefuse 73 un seul et même projet, une certaine étrangeté finit par s’immiscer : d’abord par le biais du chant lyrique d’Emilia Suto sur Oh ! dont les télescopages initiaux d’arpèges impressionnistes et de groove en liberté se trouvent encore renforcés dans leurs contrastes par ces gammes d’opéra entêtantes que l’on retrouvera en français au début de l’épileptique Grrr, puis d’une façon nettement plus caractéristique de l’univers d’Oval.

Ailleurs, ce sont donc les zébrures abrasives d’Alpen, les ballotements syncopés de Beige, le staccato agité de Legendary ou les rebonds saturés et vacillants de Credit Line qui tenteront à plus d’une reprise de brouiller nos repères et de nous déstabiliser, mais le chant, toujours, sera là pour amortir les chocs et nous envelopper d’un cocon moelleux et sécurisant. Quant à l’immersif Bassic Halveplane, lorgnant sur le drone et l’acousmatique, il fait la part belle au spoken word d’Andrés Gualdrón doublé des respirations, incantations et autres harmonies soutenues de Dandara, poussant dans leurs retranchements les plus exploratoires les nouvelles mutations soniques de l’Allemand, précurseurs du glitch ambient en son temps et désormais inventeur d’une pop électronique aux allures de bossa du 3ème millénaire.

Chroniques - 28.02.2013 par RabbitInYourHeadlights
 


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