Plus encore qu’avec l’EP More Fears qui précédait de quelques semaines ce deuxième album en solo dévoilé en avant-première du côté de Pitchfork à quelques jours de sa sortie chez Memphis Industries, il faudra être coutumier de l’emprise décalée de Field Music sur 40 ans de pop pour véritablement apprécier celle de David Brewis, nettement plus épurée mais finalement tout aussi évidente et alambiquée à la fois, sur les racoleuses années 80.

Rien de plus facile en effet que de prendre le dénuement synth-pop ou proto-r’n’b de cet Old Fears pour une démonstration de platitude rétro-FM alors qu’à la manière d’un Prince désossé par les Talking Heads ou même d’un Devo très improbablement gagné par la mélancolie de Stevie Wonder, c’est à une leçon de less is more dada que nous convie l’Anglais, faisant compter chaque note et chaque intonation comme autant de tentatives de percer le voile du paraître, et toujours légèrement trop baroque ou trop dénudé pour ne pas déjouer sans cesse, à coups d’éclats d’harmonies haut perchées et de guitares aux grooves fugaces, une mécanique instrumentale huilée jusqu’à l’abstraction.