Le streaming du jour #1120 : 36 - ’Dream Tempest’ & Deru - ’1979’

Deux albums d’ambient au spleen luminescent, deux idées de la nostalgie estivale et du rêve éveillé avec les sorties croisées de l’Anglais 36 et du Californien Deru qui pas plus l’un que l’autre ne nous avait habitués à baigner leurs travaux d’une telle clarté mélodique.

Du côté de 36, d’écrasantes marées du temps, sous la forme de reflux drone plus ou moins orageux (Dream Tempest ; Play ; l’imposant Always) ou vaporeux (Neon Sunset ; le parfait Redshift cosigné par Steven Wilson de Bass Communion et Porcupine Tree), font monter la pression atmosphérique sur les majestueuses nappes oniriques et autres mélodies de clavier perçant les derniers voiles de brume d’un nouvel opus inhabituellement lumineux voire enlevé. A ce titre, et tant pis pour la cohérence d’ensemble, on appréciera de la part de Dennis Huddleston les circonvolutions électronica d’un Hyperbox au dynamisme assez inédit pour l’auteur de Lithea et Shadow Play, les arpèges cristallins de boîte à musique remontée sans relâche évoquant presque Plaid et cette inspiration rythmique que Deru délaisse justement pour la première fois sur un album entier. Et tandis que sur Perfect Numbers, c’est la kosmische musik et ses arpeggiators aux pulsations faussement répétitives qui s’invitent avec un certain magnétisme sur fond de transmission vocale d’une autre dimension, égrainant un compte-à-rebours qui rappellera aux fans de Boards of Canada les abstractions du fabuleux Geogaddi, le pastel des synthés de Sun Riders, Airglow ou Entropy nous offre le calme entre deux tempêtes à l’image de ces apaisantes fumerolles colorées dont les volutes envahissent peu à peu la pochette.



Et c’est donc toujours dans les sphères ambient que l’on poursuit avec Deru aka Benjamin Wynn et son nouveau concept album qu’accompagnent via un projecteur portatif, dans une édition ultra-limitée pour 1000 dollars tout de même, neuf clips du vidéaste Anthony Ciannamea dont voici un aperçu du rendu. Autant dire qu’on laissera volontiers aux fans hardcore le plaisir de cette transposition visuelle pour nous contenter de goûter l’univers de pures sensations d’un album voué à la transmission des souvenirs et des émotions qui y sont associées, constituantes à part entière de notre identité. Subtil jeu de miroirs où échos, distos et pulsations feutrées donnent aux compositions la dimension en trompe-l’œil d’un palais des glaces dans lequel l’auditeur se perdra de plus belle à chaque fois qu’il pensera en trouver la sortie, 1979 est un labyrinthe d’impressions bucoliques érodées par le passage du temps, qu’arpentent les fantômes d’un futur demeuré à l’état de possibilité : une expérience suffisamment évocatrice pour générer chez l’auditeur ses propres images mentales embuées de fantasmes, de songes flous et de regrets.


Streaming du jour - 06.07.2014 par RabbitInYourHeadlights
... et plus si affinités ...
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