Littéralement, Kakurenbo signifie "se cacher et chercher". Si le duo mixte japonais réussit habilement l’épreuve de la dissimulation des informations le concernant, il n’est pas moins en verve au moment d’expérimenter et de déployer de nouvelles nappes sonores.

とる、はしる、ふりかえる。, sorti en août dernier, constitue le troisième EP pour ce duo auquel on doit par ailleurs Matsuyoi No Tsuki, long-format paru il y a tout juste un an. En dix-huit mois d’activité, il va sans dire que les Japonais brillent par leur prolificité, d’autant plus qu’ils mènent tout deux activement leur projet solo avec trois sorties en 2014 pour Quoi et deux pour Madoka.

Si nous aurons probablement l’occasion de revenir sur ces trajectoires en solitaire, le projet Kakurenbo est suffisamment intéressant pour concentrer notre attention. En cinq morceaux et dix-huit minutes, cet EP dont le titre pourrait être traduit par "Prends, Cours et Regarde En Arrière" déploie des nappes qui s’amusent avec la notion d’espace.

Usant de field recordings, guitares acoustiques, mais également ukulélés et toy pianos qu’ils s’amusent à déformer et avec lesquels ils créent des boucles luxuriantes, l’atmosphère que les Japonais dessinent a une dimension enfantine indéniable.

Cette assertion n’est nullement péjorative puisque cet aspect n’a rien à voir avec une quelconque naïveté limitant le propos général. とる、はしる、ふりかえる。 s’avère davantage être l’histoire d’un adulte délaissant l’oppressante routine du quotidien pour lâcher prise ou, au choix, explorer les nuages.

Les tonalités de poche utilisées ont donc paradoxalement le pouvoir d’évoquer la liberté et les espaces aériens infinis. Résolument plus optimiste qu’Akira Kosemura et moins démonstratif que Tycho, Kakurenbo n’est néanmoins pas si éloigné des démarches de l’un et l’autre et trace finalement son propre sillon dans un registre ambient faisant honneur à ses influences diverses.