Le streaming du jour #1269 : Primitive Man - ’Home Is Where The Hatred Is EP’
Parti sur les chapeaux de roue en 2013 chez Throatruiner avec un premier long reptilien et vicié, le trio de Denver ne lâche rien de son goût du malsain sans artifice ni concession sur ce nouvel EP, première sortie officielle chez Relapse (lesquels, flairant le bon coup, s’étaient empressés de rééditer cet excellent Scorn avec quelques bonus de choix) dont le doom vicelard et larsenisant fait preuve d’une retenue inversement proportionnelle au symbolisme un brin surexpressif d’une pochette qui n’aura heureusement pas fait craindre le pire bien longtemps.
Car si le son du disque est lui aussi plus travaillé, l’évolution des morceaux plus pensée que sur son très lo-fi prédécesseur (qu’une Noise Tape encore plus crade, atmosphérique, chaotique et sursaturée avait devancé de quelques mois), Home Is Where The Hatred Is n’en est bizarrement que plus déliquescent. Pour preuve, les riffs sludge de Scorn perdent ici de leur consistance, abandonnant dans les tréfonds d’une psyché de désolation leurs derniers oripeaux hardcore/heavy metal au profit de bourdonnements marécageux qui reconnectent le trio avec ses racines doom. Quant au grunt hargneux d’Ethan L. McCarthy, il rampe et racle la fange, rugit sa haine et s’écorche sur les barbelés de guitare d’un Loathe marchant lentement mais sûrement vers les affres de la haine de soi et de l’autoflagellation.
Moins psychotique, plus épuré et, dominante doom oblige, moins véloce que les immenses Terra Tenebrosa, Primitive Man n’en suit donc pas moins le même chemin radical et nauséabond, habité par la même intensité cathartique à laquelle rien de résiste et parfois par la même urgence, notamment à l’entame d’un Downfall flirtant autant avec le sludge qu’avec le black metal au gré des saillies d’une batterie aux sursauts d’humeur bienvenus. Bienvenus car Bag Man, tout en crescendo forcené, n’aura de cesse dans la foulée d’évacuer le peu d’oxygène que le trio se permettait encore de brasser entre deux bouffées de rage désespérée, et c’est ainsi dans l’atmosphère de snuff movie la plus étouffante qui soit que le groupe empile en échos les gémissements de torture féminins sur A Marriage With Nothingness, se révélant plus malsain que jamais à mesure que gonflent les bourrasques de crépitements de cette ode à l’effroi qu’engendre la conscience du néant.
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