Il est difficile de mettre des mots sur les compositions de The Myrrors. En effet, le quintet de Tucson fait partie de ces formations trop libres pour être catégorisées, et quand bien même, les étiquettes visant à les qualifier devront être multipliées pour se rapprocher d’une description acceptable.

Vient néanmoins le moment où il est nécessaire de se jeter à l’eau. Les Arizoniens proposent un post-rock à tendance psychédélique, mâtiné de drone-ambient et de jazz. Avec toute l’inexactitude que cette tentative de définition comporte, le cadre est posé.

Après un premier LP intitulé Burning Circles in the Sky et sorti en 2008, les Américains ont pris leur temps pour publier Arena Negra, qui s’ouvre sur un titre éponyme s’étirant sur près de douze minutes. Déjà, l’attrait du quintet pour les contrastes apparaît. A la fois sombre et en quête de lumière, ce titre s’appuie sur le cercle chromatique, à la recherche des combinaisons osées et déroutantes.

Ténèbres lumineuses. Douce et lente urgence. Les oxymores semblent être la figure de style idéale pour définir les productions de The Myrrors qui, après deux titres intermédiaires n’excédant pas les cinq minutes, s’attaquent au sommet final de ce deuxième opus. The Forward Path place, pendant plus de vingt minutes, les cordes sur le devant de la scène, tandis que les samples d’une foule manifestant apparaissent après le premier quart d’heure. Impossible de ne pas penser à Godspeed You ! Black Emperor, mais également à certaines progressions de Tortoise, sans occulter quelques réminiscences d’un Bardo Pond en plus tourmenté.

La montée en puissance ressemble à une avalanche de claques que reçoit en plein visage l’auditeur, lequel se surprend à assumer un côté masochiste puisqu’il en redemande. Il ne pourra de toute manière pas revenir indemne de ce voyage au caractère hypnotique et presque chamanique. Il est l’heure de ranger les mots au placard, ceux-ci n’ont de toute façon fait que survoler la musique de The Myrrors pour panser les maux, contagieux mais jouissifs, délivrés par l’écoute prolongée d’Arena Negra.