Muets depuis trois ans et un MuRDeD encensé par les critiques malheureusement trop confidentielles, les Caennais de GaBLé nous gratifient d’un nouveau disque en cette première partie d’année 2016. JoLLy TRouBLe est donc dans les bacs et, ô joie, il est aussi bon, irrévérencieux et alambiqué que son prédécesseur.

L’exploit n’est pas mince lorsque l’on propose des compositions aussi déconnectées de ce que pratique le reste de la mêlée. Après le disque de la révélation, les artistes ont souvent le choix entre la perspective de se renouveler pour ne pas tourner en rond et celle de continuer à creuser le même sillon.

Sauf que, s’agissant de GaBLé, la question ne se pose pas en ces termes. En effet, au sein d’un même titre se mélangent déjà des nuances et univers radicalement différents. Dans ces circonstances, on comprendra aisément que le risque de se répéter n’est pas celui qui alerte le plus les musiciens. En somme, les Normands n’ont pas eu à choisir de grande orientation pour ce disque, cette absence de contrainte constituant une nécessité lorsque l’on produit quelque chose d’aussi délibérément immédiat et fou.

Chaloupé, JoLLy TRouBLe est un nouvel ovni dans la discographie de GaBLé et ne ressemble pas à d’autres objets évoluant dans la même galaxie. Du moins pas sur la durée du disque. On pensera bien ici et là à Fujiya & Miyagi (TRoPoCooL), Deerhoof (HoW LoNG), Daniel Johnston (Virgule), Orka (TeNGo) voire même Of Montreal, mais rien de suffisamment éloquent pour affecter la singularité du trio français, dont la malice et le savoir-faire nous transportent une nouvelle fois au sein d’un univers bucolique, déjanté et assurément sans prise de tête malgré une recherche et une authenticité dans la démarche artistique évidentes.