Le streaming du jour #1380 : Undicii - ’Ore’

Sur la pochette, deux hoodies sans visage doublés de costards surannés se tiennent tête, deux facettes, deux possibilités peut-être, deux façons pas si dissemblables et pourtant fondamentalement divergentes de conjuguer passé et présent pour inventer un futur conjoint aux musiques atmosphériques et syncopées.

Édité en vinyle et cassette par Your Master’s Voice Records, Ore confirme deux ans après l’impressionnant Arc II : The Remains de Devenny et ฬเןl le goût de l’excellente écurie DIY du Parisien Thierry Kronental - également au mixage et au mastering sous le pseudonyme Kostral One - pour les musiques hybrides, analogiques, impressionnistes (l’omniprésence de ces reverbes étourdissantes et enivrantes qui en cimentent les sonorités disparates) et fortement mélancoliques (cf. le saxo très Morricone 80s d’une dernière partie de face A sous tension motorik).

On ne sait pour ainsi dire rien d’Undicii, si ce n’est que son nom à une voyelle près signifie 11 en italien. Onze comme dans le titre 11h11 de cette première moitié qui s’étire sur 22 minutes et 22 secondes très exactement, jeu de miroir quOre ("heures", toujours dans la langue de Leonard de Vinci, qui usait justement de l’écriture en miroir et de la symétrie axiale pour dissimuler des codes dans ses tableaux) amène au-delà du simple concept pour en faire le moteur de compos à tiroirs aux confins de l’ambient, du jazz, du krautrock et de l’abstract hip-hop.

Nostalgique et jazzy dans sa première moitié dont les incursions groovesques ou planantes allant de la blaxploitation à la kosmische musik font l’effet d’un flot de souvenirs ininterrompu aux contours rendus vaporeux par l’érosion du temps, l’album fait ensuite la part belle aux pulsations synthétiques et autres distos fantasmagoriques sur sa seconde face 22h22, ode tour à tour inquiète, anxieuse et apaisée aux infinies possibilités d’un futur nourri aux rêveries cinématographiques des années 80.

D’arpeggiators saturés en effets sonores grésillants, la spatialisation en écho participe fortement d’une délectable désorientation tandis que les percus ethniques naissant à mi-parcours, racines organiques des cadences de tous horizons, se fondent dans une techno indus d’avenir digitalisé avant de muer en dub-ambient bancal sans que ces conjonctions polyrythmiques n’étouffent jamais la profondeur de champ spacieuse et éthérée d’un disque définitivement dédié à la célébration des sens et de l’imagination.

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Streaming du jour - 25.07.2016 par RabbitInYourHeadlights
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