Légère tricherie de notre part aujourd’hui, puisque l’on prend nos distances avec la règle implicite de cette rubrique qui veut que l’on mette en avant des disques sortis durant les douze derniers mois.

Et ce n’est pas tout à fait le cas de ce Gymnastics, premier effort de Sneaks, initialement sorti en 2015. Pour rentrer dans les clous, nous privilégierons alors la réédition proposée par Merge Records et qui date, elle, de septembre 2016. Aucun scrupule finalement puisque, avant cette dernière, il était extrêmement ardu de dénicher la galette.

C’est d’ailleurs sous une nouvelle forme que l’on retrouve ce disque, la pochette n’étant plus la même, et c’est dans une pose délibérément peu avantageuse que l’on retrouve une Eva Moolchan visiblement peu soucieuse de séduire par un autre biais que par sa musique.

Et encore... Gymnastics n’est pas de ces albums tape-à-l’œil. L’idée, pour celle qui vit à Washington n’est pas de nous brosser dans le sens du poil mais bien de proposer un univers personnel et percutant. Direct également, puisque les dix titres ne s’étendent que sur treize minutes. "Les chansons sont venues à moi très rapidement" explique ainsi Eva Moolchan qui poursuit en assurant avoir joué "avec la manière dont on utilise le langage et de banals slogans, des annonces et symboles répétitifs que je voyais lorsque j’étais à l’école".

On n’en sait donc guère plus sur le sens de ce Gymnastics qui s’inscrit dans une mouvance post-punk à la croisée des chemins entre Joy Division et Courtney Barnett. Des boucles de basse et de batterie servent de support à cette voix féminine alternant entre chant désabusé et spoken word, quelques guitares se greffant parfois ponctuellement. La recette n’est pas franchement novatrice mais elle est si bien digérée qu’elle fait de Sneaks le pendant féminin des Sleaford Mods.