Le streaming du jour #1519 : Pick A Piper - ’Distance’

Déjà quatre ans se sont écoulés depuis la sortie du premier disque éponyme de Pick A Piper. Entouré de Dan Roberts et Angus Fraser, Brad Weber fait paraître en ce début d’année un second long-format intitulé Distance sur lequel il poursuit ses travaux là où il les avait laissés en suspens.

En effet, Distance ne voit pas l’artiste déboussoler ses auditeurs. Du moins pas dans l’approche globale du disque, étant entendu que chacun des neuf titres est affublé de breaks et contre-pieds qui viennent diversifier et dynamiser et relancer l’efficacité des nappes électroniques contemplatives.

Comme sur le premier éponyme, les sonorités déployées par le Canadien rejoignent bien souvent l’univers de Caribou, dont il est le batteur attitré sur scène depuis qu’il a pris la relève d’un Peter Mitton démissionnaire et désormais producteur pour la radio CBC.

Ainsi, l’EDM du Geographically Opposed initial repose sur une rythmique tranchante, une base synthétique aérienne et une montagne de détails électroniques faisant tout le sel de la démarche. Si Caribou semble s’être perdu depuis le ratage Our Love en 2014, son batteur décline avec brio ce que l’on n’attend plus vraiment de son acolyte, à savoir des odyssées dansantes anguleuses (Nikko) ou épopées chamaniques convulsives sur un Flood Of My Eyes justement proche de l’ambiance de Swim.

Moins produits et plus contemplatifs, les trois titres dont le mixage a été confié au Néo-Zélandais Bevan Smith marquent, dans le son de Pick A Piper, une évolution de plus en plus perceptible au fur et à mesure que l’on avance dans l’écoute de Distance. Une forme de slow-electronica semble faire irruption tant les rythmiques se font moins urgentes.

L’idée de ralentir est évidente, et d’ailleurs admise par Brad Weber, lequel a sillonné le monde durant l’olympiade séparant ce second disque de l’éponyme. De Tchernobyl au Guatemala en passant par l’Arctique Canadien, les montagnes du Japon, l’Amérique du Sud ou Bali, c’est un véritable tour du monde qu’il s’est offert. En plus de l’idée de "ne pas faire trop de choses à la fois et laisser la musique retrouver une place naturelle", le Torontois a également importé de ces voyages certains instruments comme le gamelan balinais de January Feels Lost qui donne une dimension orientale et pieuse à ce titre cotonneux.

En déclinant plus finement Distance, l’évolution de l’artiste est finalement moins sensible qu’elle n’y paraissait initialement. Au niveau émotionnel donc, mais également sur le plan technique. Brad Weber reconnaît lui-même avoir "continué à explorer des sons naturels sur Distance tout en plongeant plus profondément dans le sound design. J’appréciais beaucoup de passer des heures à créer des patchs de synthés intéressants et à manipuler des sons acoustiques. J’ai utilisé beaucoup plus de superposition sur cet album, utilisant souvent 4 ou 5 sons différents par voix dans le but de créer des mélodies et des accords dont la source sonore n’est pas reconnaissable immédiatement".

Distance est donc un disque plus contemplatif et surprenant que l’éponyme initial, mais n’en reste pas moins son fidèle successeur. Pas de rupture, mais une continuité intéressante chez Pick A Piper qui pourrait rapidement "tuer le maître" si les deux canadiens continuent sur leurs lancées respectives.


Streaming du jour - 28.03.2017 par Elnorton
... et plus si affinités ...
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