Velkomin til Ísland #2 - Kælan Mikla

En marge des Coachella, Glastonbury et autre Route du Rock qui rythment les étés des globe-trotteurs mélomanes, un autre festival - plus au nord - s’inscrit chaque automne dans l’agenda des curieux : les Iceland Airwaves. Loin des étendues champêtres, auxquelles le climat islandais est peu propice en cette saison, le festival, qui a vu le jour en 1999 dans un hangar de l’aéroport de Reykjavík, ne cesse de prendre de l’ampleur, et a finalement envahi le quartier 101 qui se transforme pendant 5 jours en une fête de la musique géante, la qualité garantie en prime.
Avec une programmation éclectique, mêlant artistes locaux et étrangers, Arab Strap, Fleet Foxes ou encore Mumford & Sons - pour ne citer qu’eux - sont annoncés cette année.
A l’approche des festivités, IRM se met à l’heure islandaise pour vous présenter des pépites à (re)découvrir, qu’elles soient programmées ou non.

Il y a quelques semaines, notre streaming du jour était consacré à Sólveig Matthildur qui, comme nous l’indiquions, officie également au sein de Kælan Mikla que nous allons présenter aujourd’hui.
Formé en 2013, le trio, composé de Margrét Rósa Dóru-Harrysdóttir, Laufey Soffía et donc Sólveig Matthildur Kristjánsdóttir, compte aujourd’hui deux disques à son actif. Ainsi, un premier album éponyme est sorti en juin 2016, suivi de la parution de Mánadans (2013–2014) près d’un an plus tard, la logique, ici, n’étant pas respectée puisque le second cité est en réalité un recueil des premières compositions du groupe.

Ce dernier (ou premier, au choix) opus, est un condensé dark-punk contemplatif, tantôt doux tantôt révolté. En ce sens, Lítil Dýr pourrait bien résumer les ambiances retrouvées dans ce disque : une mélodie douce mais pas nécessairement apaisante soutenant un chant fragile, puis le rythme qui s’accélère, la basse qui entreprend un riff plus lourd et le chant qui laisse place à des cris aigüs.
Dès lors, il règne, sur ce morceau, comme sur le disque, un désespoir ambiant flirtant avec des fulgurances fiévreuses (Næturdætur). Force est de constater que le triptyque basse / batterie / voix fonctionne très bien et derrière ce line-up d’apparence simple, Kælan Mikla nous emmène pour une promenade tout en contraste allant même jusqu’à nous faire pénétrer dans la ville fantôme d’un vieux western que semble évoquer Umskiptingur.
Il faut dire aussi que la voix schizophrénique de Laufey Soffía constitue un imparable tue-l’ennui, perpétuellement habitée qu’elle soit profonde ou possédée par une hystérie digne d’un film d’horreur dont Ætli Það Sé Óhollt Að Láta Sig Dreyma - avec ses harmonies spectrales - n’est qu’une illustration parmi d’autres.


C’est pourtant pour une formule différente que le trio va opter pour son album éponyme. On retrouve évidemment ce chant si caractéristique, déclamant des textes comme si une vie en dépendait, mais la palette émotionnelle s’est élargie pour proposer davantage de nuances. En revanche, le changement majeur est le remplacement de la batterie par des boîtes à rythme accompagnées de l’apparition des synthés, la basse passant ainsi plus légèrement en retrait.
L’ambiance, elle, n’en demeure pas moins inquiétante, pour ne par dire lugubre, sublimée par des nappes atmosphériques et délicates. Tout ici est plus mesuré, l’insouciance insolente des débuts laissant place à une méfiance retenue. C’est d’ailleurs cet univers éthéré - et plus désespéré encore - qu’est allée explorer Sólveig Matthildur sur son Unexplained Miseries & Acceptance Of Sorrow et tout comme ce dernier, Kælan Mikla s’écouterait sans fin.


A travers deux albums, les trois Islandaises sont parvenues à se forger un son bien à elle, facilement identifiable, avec cette capacité à se renouveler et s’aventurer sans craintes vers des contrées brumeuses.


Articles - 25.08.2017 par spydermonkey
... et plus si affinités ...
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