Le streaming du jour #1705 : IRM presents - ’IRMxTP Part X - Fire is the Devil Hiding Like a Coward in the Smoke (Shut Your Eyes and You’ll Burst Into Flames)’

Incandescent et dissonant, ce 10e volet fait du feu son élément, celui qui anime BOB et qui consume les âmes, celui qui marche avec les esprits malins de Twin Peaks et qui corrompt ses habitants, celui enfin qui éclaire dans l’opacité de la nuit les crescendos darkjazz, power electronics, doom rock ou dark ambient de cette nouvelle collection de morceaux exclusifs dont la disparité stylistique s’efface devant la cohérence des ambiances et des intentions, rampantes, fantasmagoriques et tourmentées s’il en est.

Mastérisé par Skye Klein (Terminal Sound System) avec le sens aiguisé du contraste dont l’Australien avait déjà fait bénéficier un 6e volet moins électrifié mais tout aussi crépusculaire et insidieux, Fire is the Devil Hiding Like a Coward in the Smoke (Shut Your Eyes and You’ll Burst Into Flames) rougeoie dans la pénombre à l’image de l’ambivalent MIKE qui a les honneurs de l’artwork signé par le Québécois Sagana Squale.

Dévoilé plus tôt via la chorégraphie et les images tout aussi capiteuses de la danseuse Fanette Chauvy et du vidéaste Laurent Abrial, le Wieder aufbauen des Canadiens de Fantôme Commodore nous fait basculer d’emblée de l’autre côté du miroir avec sa douce tension hypnotique et ses drones électroniques enveloppants. Une traversée vers la Loge déjà entravée de lourds rideaux de velours rouge que r.roo enflamme un par un sur notre chemin dans un crescendo darkjazz aussi magnétique qu’entêtant, véritable ravalement de façade pour le musicien IDM ukrainien qu’il a promis de prolonger prochainement sur EP. Tout aussi fantasmagorique et surprenant, le Fire Trance de 10th Letter souffle sur les braises de cette rampe incandescente, égrenant les flashs d’un BOB frénétique au rythme de ses beats métronomiques.

Fantôme Commodore - Wieder aufbauen from Laurent Abrial on Vimeo.


Morceau de bravoure feutré et lynchien jusqu’à la moelle, le cinématographique il Reverchon cascatelle permet ensuite aux Twin Peaks addicts de Dale Cooper Quartet & the Dictaphones de rendre l’un de leurs hommages les plus immersifs et intrigants à l’univers de la série culte, sur près de 11 minutes métamorphes et oniriques aux guitares et drones Badalamenti-esques. Échappé d’Hash Blade et Club Friendsday, l’Américain Krem ôn’ Wo͝ol tentera lui-même un peu plus loin le hors-format mais dans une veine plus minimaliste et lo-fi avec un Sparkwood and Twenty One halluciné, cauchemar éveillé dans les rues de Twin Peaks à la nuit tombée, quand le vert passe au rouge et n’en revient jamais.

Encadrant les basses fréquences anxiogènes du dark ambient des Australiens d’Ektoise, Marc Buronfosse et TFxCS - projet lancé pour l’occasion par les Danois Tjaere+Fjer et Crystal Shipsss aka Jacob Faurholt - avaient sorti entre-temps les guitares électriques pour un embrasement plus dissonant et menaçant, respectivement uptempo et drogué pour le Français et ses compères d’ÆGN Marc-Antoine Perrio et Arnaud Biscay, puis doomesque et rampant pour les Danois.

Enfin, avant le final tribal et velouté aux guitares lynchiennes à souhait d’un Black Swan qui délaisse pour l’occasion les drones élégiaques qu’on lui connait, le patron d’Eilean Rec. Mathias Van Eecloo aka Monolyth & Cobalt et son pensionnaire du récent Every Time Feels Like the Last Time, Daniel W J Mackenzie (surtout connu jusqu’à présent des amateurs d’ambient sous son pseudo d’Ekca Liena) rivalisent de tourments discordants, hantologiques pour le premier qui semble capter au filtre des esprits de la Loge une radio d’entre deux guerres au spleen suranné, plus dramatiques pour le second qui signe peut-être bien là le sommet de ce volet, tempête sous un crâne de cordes hantées évoquant la possession des âmes par celui dont le regard fou et le sourire carnassier incarneront à tout jamais les dangers qui rampent sous la surface de la réalité.

A écouter et télécharger librement via Bandcamp :